Guy Legrand

« Bien investir, c’est d’abord du bon sens »

Guy Legrand

Les crypto-monnaies, comme le bitcoin, ne sont peut-être pas dénuées de toute pertinence mais, en pratique, elles présentent plusieurs défauts majeurs.

Le smartphone, fidèle compagnon de l’usager des transports en commun. On lit ses messages, on envoie des SMS, on papote avec ses amis... Parfois, on y tient même des conversations fort sérieuses. L’autre jour, le voyageur assis en face de moi dans le métro discutait visiblement avec son banquier.  » Oui, j’ai trop de monnaies virtuelles sur ce compte, avouait-il. Les autres sont composés de valeurs classiques, mais ici, c’est vrai, je devrais diminuer la part du bitcoin. « 

Le mot est lâché ! En matière financière, chez les professionnels comme au niveau des particuliers, le bitcoin s’est imposé parmi les principaux sujets de discussion ces derniers mois. Il a fait les gros titres à la fin 2017 quand, en quelques semaines à peine, son cours s’est envolé de moins de 5.000 ? à plus de 16.000 ?. Et les aficionados de cette monnaie virtuelle de souligner avec fierté qu’il valait encore moins de 1.000 ? en mars. Et même moins de 100 ? en 2013, se souviennent de rares pionniers. Quel placement merveilleux, n’est-ce pas ? Le bitcoin a toutefois refait l’actualité dès le début de cette année, en replongeant très rapidement jusqu’à moins de 5.600 ? au début février. Tout cela est-il bien sérieux ?

Quand je ne comprends pas, je n’achète pas !  » Warren Buffett

Une chose est évidente : un actif (mais le terme convient-il ?) présentant une pareille volatilité peut difficilement être qualifié d’investissement. Il a toutes les apparences d’un instrument de spéculation, au même titre qu’une option sur la parité euro-dollar, par exemple. Les détracteurs du bitcoin (comme des centaines d’autres monnaies virtuelles qui existent aujourd’hui, telles l’ether ou encore le ripple) soulignent qu’il échappe à tout encadrement de la part des autorités monétaires. Bien sûr, rétorquent les partisans de ces crypto-monnaies, ainsi qu’on les appelle également : tel est le but ! Il s’agit en effet d’échapper à l’emprise des banques centrales, qui ont inondé le monde de plusieurs milliers de milliards de dollars et d’euros, au point qu’on ne peut plus avoir confiance.

Les crypto-monnaies ne sont peut-être pas dénuées de toute pertinence mais, en pratique, elles présentent plusieurs défauts majeurs : sécurité aléatoire, frais de transaction énormes, etc. En vérité, le péché originel est d’avoir introduit ces monnaies virtuelles auprès du public, dans l’économie dite  » réelle « , alors qu’elles étaient au départ conçues pour n’être utilisées qu’entre participants aux communautés internet les ayant lancées.

Il n’est donc pas anormal que, par-delà les aspects techniques de la question, l’investisseur particulier ne comprenne pas vraiment de quoi il s’agit. Pas grave, du moment qu’il n’oublie pas le conseil de Warren Buffett, principal investisseur du monde, que j’évoquais dans ma première chronique, en septembre 2014 :  » Quand je ne comprends pas, je n’achète pas « . Bien investir, c’est d’abord du bon sens !

Contenu partenaire