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Alaska : Croisière au coeur du Grand Nord

Septante ans après la première traversée de la Holland America Line vers l’Alaska, j’ai embarqué à bord du MS Nieuw Amsterdam à Vancouver pour un voyage inoubliable à travers la plus vaste étendue désertique de la planète.

Installée sur une terrasse ensoleillée de la ville de Vancouver, au Canada, j’admire le paquebot sur lequel je m’apprête à passer huit jours. Le Nieuw Amsterdam a jeté l’ancre devant le Pan Pacific Hotel à l’architecture paquebot, elle aussi. Peut-on imaginer meilleur avant-goût de la traversée ? Nous quittons le port sous un grand ciel bleu et manoeuvrons dans l’Inside Passage, un étroit chenal entre forêts et montagnes aux sommets enneigés, en direction du Grand Nord sauvage. Je consacre ma première journée à bord à la découverte du navire et à la collecte d’informations sur la vie en Alaska. Il apparaît très vite que, même en été, cette région la plus septentrionale des USA peut voir défiler quatre saisons en un seul jour.

Les paysages sont immenses.
Les paysages sont immenses.© MYRIAM THYS

Ruée vers l’or

Notre première escale est à Juneau, la capitale de l’Alaska accessible uniquement en bateau. Comme le Mendenhall, le glacier le plus admiré au monde, est tout proche, je m’offre une escapade qui me permet de voir les baleines, le glacier et un authentique Salmon Bake (cuisson du saumon sauvage).

Des baleines se gavent de poissons.
Des baleines se gavent de poissons.© MYRIAM THYS

C’est ici qu’a démarré, en 1880, la ruée vers l’or. La petite ville a été fondée en quelques jours et a très vite abrité 30.000 âmes. Seul le fameux Red Dog Saloon témoigne encore de cette époque. Le Mendenhall est impressionnant, je pourrais presque le toucher.

Le chant des baleines

A Auke Bay, le chant harmonieux des baleines à bosses leur vaut le surnom de Pavarotti des mers. Les mâles chantent pendant la parade nuptiale et donnent également de la voix quand ils chassent en déployant autour d’eux de spectaculaires filets de bulles pour encercler leurs proies. J’aperçois une douzaine de baleines qui surgissent des flots dans un bel ensemble et avalent les poissons pris au piège de leurs bulles d’air. C’est un spectacle hallucinant que de voir douze baleines à bosses la gueule grande ouverte. Une manne de poissons leur tombe tout cru dans le bec, noyée dans une quantité d’eau capable de remplir une piscine olympique.

Le roi saumon

Qui dit Alaska dit saumon. Si vous n’aimez pas ce poisson, mieux vaut choisir une autre destination, car le saumon reste le moteur économique et écologique du pays, la base de toute l’alimentation.

De délicieux pavés de saumon grillés
De délicieux pavés de saumon grillés© MYRIAM THYS

En certains endroits, les saumons atterrissent presque tout seuls dans les assiettes. Et là où il y a des saumons, il y a des ours. Le Salmon Bake se poursuit sur Colt eiland, en face de l’Amirauté où vivent plus de 1.600 ours. Tandis que ma portion d’Omega 3 est en train de griller, j’essaie d’apercevoir un charmant nounours, espérant tout de même que le plantigrade n’est pas trop bon nageur...

Une gorge spectaculaire

Skagway a aussi été un haut lieu de la ruée vers l’or. Cette petite ville, parmi les plus anciennes de l’Etat, déploie un charme empreint de nostalgie. Elle s’élève au bout du Lynn Canal, le fjord glaciaire le plus long et le plus profond d’Alaska. La grand-rue semble tout droit sortie d’un film hollywoodien et abrite un musée dédié aux chercheurs d’or. On apprend ainsi que certaines personnes mal intentionnées vendaient des chevaux boiteux aux pionniers qui espéraient franchir la White Pass si difficile d’accès. On ne comptait plus les aventuriers laissés pour morts en chemin ou tombés dans un ravin... Au point qu’on a surnommé ce sentier The Dead HorseTrail (la piste du cheval mort). En 1898, une ligne de chemin de fer allait faciliter le passage mais, à cette date-là, il n’y avait plus d’or. Le Yukon Railroute (chemin de fer du Yukon) reste la principale attraction de Skagway et l’un des plus beaux trajets au monde.

L’âge de glace

Le MS Nieuw Amsterdam s’approche avec précaution des plus belles langues de glace de Glacier Bay, un site de 120 km de long inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Le glacier Margerie
Le glacier Margerie© MYRIAM THYS

Celui qui m’impressionne le plus est le glacier Margerie : il fait 34 km de longueur et 110 m de hauteur, dont 30 m immergés. Nos petits kayaks longent les énormes masses de glace qui paraissent d’autant plus massives. A en croire les rangers qui nous accompagnent, c’est la pluie quasi continue qui façonne les glaciers.

La capitale du saumon

Dans la jolie petite ville de Ketchikan, à chaque coin de rue, on vend de l’excellent saumon fumé. Creek Street, l’ancien quartier chaud construit sur pilotis, est resté haut en couleurs. On en goûte encore l’ambiance particulière au n°24, la maison où a vécu la dernière prostituée.

Creek Street
Creek Street© MYRIAM THYS

Je parcours l’Old Men’s Trail le long de la rivière où des milliers de saumons remontent le courant pour frayer, puis mourir après avoir franchi l’échelle à poissons. Eddie se tient près de l’antique échelle avec quantité d’histoires à raconter. Il a échoué ici avec son bateau dans les années 1970.  » A l’époque, il n’y avait que des hommes « , s’esclaffe-t-il.

Sur la trace des ours

Je monte à bord d’un hydravion pour survoler le Tongass National Park, la plus grande forêt des Etats-Unis.

Un ours chasse.
Un ours chasse.© MYRIAM THYS

Lorsque nous amerrissons à Neets Bay, j’aperçois un ours en train de pêcher des saumons à l’embouchure de la rivière. On jurerait qu’il fait ses courses au supermarché du coin, car il n’a vraiment qu’à se servir : les saumons abondent. Deux autres ours apparaissent, l’un pêche son en-cas, l’autre s’est endormi. Des milliers de saumons tentent de fuir en remontant une cascade. Lorsque l’ours endormi sort de sa torpeur et s’éloigne, j’espère lui couper la route dans le but de prendre la photo parfaite. Tout à coup, me voici à moins de 3 m de lui. Nous nous jetons un regard, aussi apeurés l’un que l’autre. Mais je tiens ma photo. La dernière journée à bord est consacrée au pur farniente, à ces petits plaisirs typiques d’une croisière : détour par la cabine de pilotage, soin au spa et repos sur le pont, face à l’ineffable beauté du paysage.

Quelques privilégiés vivent dans ce paradis.
Quelques privilégiés vivent dans ce paradis.© MYRIAM THYS

Pratique

La croisière : nous avons embarqué sur un navire de la Holland America Line. Infos et réservations : www.hollandamerica.com

Y aller : plusieurs compagnies aériennes proposent des vols vers Vancouver. Comptez minimum une escale en chemin. KLM via Schiphol (12h20 de trajet) ou Lufthansa via Francfort (12h20) offrent les temps de trajet les plus courts.

Infos : www.klm.com ou www.lufthansa.com

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