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Chimay: bivouaquer comme un coureur des bois

Préservée et moins fréquentée que celle d’Ardenne, la Forêt du Pays de Chimay offre aux promeneurs un réseau de bivouacs le long de ses 178km de sentiers de grande randonnée (GR). De quoi camper en pleine nature et se sentir, l’espace de quelques soirées, l’âme d’un aventurier !

Si vous avez eu la chance de fréquenter un mouvement de jeunesse ou d’habiter près d’un bois durant votre enfance, peut-être vous rappelez-vous de nuits passées au coin d’un feu de camp, entouré d’arbres et de bruits de la forêt. Un souvenir d’enfance qu’il est malheureusement difficile de reproduire aujourd’hui en Belgique. Il est formellement interdit de planter sa tente en pleine nature et, encore plus, d’y allumer un feu. Seule exception : les zones de bivouac, prévues à cet effet. S’il en existe une petite dizaine dispersées en Flandre, celles-ci étaient absentes du paysage wallon jusqu’à l’année passée. Depuis lors, la Forêt du Pays de Chimay a inauguré un réseau de huit zones de bivouac le long d’un trajet de 178km de sentiers de grande randonnée (« la Grande Traversée ») fraîchement balisés à travers bois et prairies.

Plutôt spartiate ou tout confort ?

Les sites de camping sont spartiates mais authentiques.
Les sites de camping sont spartiates mais authentiques.© P.G./Selleslagh

Il n’est donc plus nécessaire de partir dans un autre pays pour entreprendre une randonnée de plusieurs jours avec sa tente et son ravitaillement sur le dos. « Plusieurs marcheurs viennent d’ailleurs s’entraîner ici avant d’aller faire un trek plus difficile à l’étranger », explique Florence Cocx, chargée de communication pour la Forêt du Pays de Chimay. C’est que les bivouacs sont volontairement spartiates : tout au plus y trouve-t-on un emplacement pour faire du feu et, parfois, une table et une poubelle. « A terme, nous aimerions y ajouter des points d’eau, mais l’idée est de garder l’authenticité des sites. Les véhicules sont d’ailleurs interdits sur les bivouacs même si, en pratique, ceux-ci ne sont jamais très éloignés d’une petite route carrossable... »

Climat belge oblige, rien n’impose aux marcheurs de loger tous les soirs à la belleétoile : la Forêt du Pays de Chimay a développé un partenariat avec divers acteurs Horeca de la région, proposant le transport de personnes et/ou de bagages depuis la Grande Traversée vers leurs établissements et vice-versa. Il est donc tout à fait envisageable d’alterner nuits en extérieur et en établissements tout confort.  » La construction de refuges en forêt est également en projet et pourrait être terminée dès 2016″, ajoute Florence Cocx. En ce qui concerne l’approvisionnement, il n’est pas non plus indispensable de tout transporter avec soi : le sentier passe à proximité de restaurants épinglés pour leur caractère et l’utilisation de produits du terroir; il est aussi possible de commander ou de se faire livrer des paniers pique-nique « locaux » sur quelques gîtes et aires de bivouac.

A contrario, rien ne vous empêche de tenter l’aventure survivaliste, accompagné d’un trappeur qui vous apprendra à reconnaître les plantes comestibles des sous-bois, à allumer un feu sans allumettes, ou quantité d’autres petits gestes utiles aux apprentis coureurs des bois. (voir encadré)

90.000 hectares de nature !

Après avoir choisi sa formule, reste à profiter des beautés méconnues de la Forêt du Pays de Chimay. Située dans la « botte du Hainaut « , au sud de Charleroi, elle couvre pas moins de 90.000 hectares, dont la moitié est constituée de bois. « Contrairement à la forêt ardennaise, il y a peu de conifères, la grande majorité des arbres qu’on rencontre sont des feuillus, explique Lucien Antoine, qui a participé à la conception des sentiers de GR. Les paysages sont par ailleurs particulièrement variés... » C’est que la région, qui comporte un parc et une réserve naturels, est à cheval sur la Fagne, la Thiérache et les premiers contreforts ardennais.

Sur le trajet, les prairies humides succèdent donc aux bois de chênes, aux crêtes et gouffres rocheux, aux étangs et zones marécageuses. Au milieu de la nature, de temps à autres, quelques chefs-d’oeuvre patrimoniaux émergent, tels que le château de Chimay ou l’église abbatiale romane d’Hastière-pardelà. « On y trouve aussi quantité de petites chapelles, d’églises avec leurs clochers en bulbe si caractéristiques, poursuit Lucien Antoine. Sans oublier l’Aquascope, le centre d’interprétation de la réserve naturelle de l’étang de Virelles... ».

En dehors des sentiers touristiques les plus battus, la région mérite donc qu’on y use ses semelles. Encore plus si la randonnée s’accompagne d’une bonne odeur de feu crépitant ou d’une aube cueillant le marcheur juste à l’orée de la tente...

Infos pratiques

En collaboration avec la Forêt du pays de Chimay, l’asbl des Sentiers de Grande Randonnée (SGR) a publié un topo-guide « La grande traversée de la Forêt du Pays de Chimay ». Décrivant précisément le trajet balisé à parcourir (plusieurs départs possibles), il contient en outre une mine de renseignements sur l’itinéraire emprunté (coordonnées gps des bivouacs, présence à proximité de structures horeca, de transports en commun ou de magasins, anecdotes et informations historiques, adresses utiles, etc.). Le topoguide est commandable via internet sur www.grsentiers.org ou à la Maison du Tourisme de la Botte du Hainaut, rue de Noailles, 6, 6460 Chimay. 060 21 98 84 ou www.foretdupaysdechimay.be

Il est interdit d’accéder aux bivouacs avec un véhicule à moteur, d’y passer deux nuits consécutives ou d’y maintenir sa tente entre 10 et 16 heures.

Plusieurs structures proposent des journées ou des séjours trappeur-survie, dont certains sont adaptés aux familles. Les formules sont nombreuses, allant de la simple journée d’initiation au séjour woodcraft, en passant par l’immersion de plusieurs jours avec un équipement minimal. Voir, à ce propos, www.foretdupaysdechimay.be, www.comme-un-trappeur.be ou www.aquascope.be.

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