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L’escape room, ou l’art de s’évader... littéralement !

Les frères Dalton sont une nouvelle fois sous les verrous : Lucky Luke est parvenu à les arrêter alors qu’ils s’enfuyaient avec leur magot. Comme à leur habitude, les quatre criminels vont tenter de s’évader... à la seule différence que, cette fois, nous incarnons la terrible fratrie ! Nous voici en effet dans l’escape room  » l’Evasion des Dalton « .

Curieuse sensation que celle de se retrouver derrière les barreaux. Vêtus de combinaisons de bagnard rayées, une lourde porte d’acier se referme sur nous. Bienvenue au Far West, dans la cellule d’un bureau de sheriff. Rien ne manque au décorum : le cachot est spartiate, avec sa couchette en bois et sa misérable chaise paillée. Face à nous, hors de notre portée, se trouve le bureau de l’homme de loi. On y distingue un coffre-fort bardé de cadenas, un vieux balais poussiéreux et même la niche d’un certain Rantanplan, le chien le plus nigaud de ce côté-ci des Rocheuses. Nous voici dans la peau des frères Dalton, tels que les imaginait Morris, l’auteur de Lucky Luke. Les gangsters que nous incarnons (temporairement) sont dans une situation pour le moins incommode : la cavalerie est en route pour nous conduire au pénitencier et le fruit de notre dernier larcin est inaccessible, conservé à quelques petits mètres de nous.

Dans notre dos, un compte à rebours s’est mis en marche. Nous avons une heure, pas une minute de plus, pour nous évader et récupérer notre butin. La tâche s’annonce ardue, tandis qu’un petit frisson d’excitation parcourt nos échines. Tous les quatre, nous expérimentons pour la première fois un « escape game », un jeu d’évasion grandeur nature, où il va falloir résoudre des énigmes et chercher des indices habilement dissimulés pour sortir de la pièce.

De la BD à Bruxelles, what else ?

Le concept d’escape game est directement inspiré des jeux vidéo d’aventure « point & click » qui faisaient fureur sur les ordinateurs des années 80 et 90. Un genre à part entière qui a connu un retour en grâce au début des

années 2000, via des variantes on line souvent gratuites. « Il y a quelques années, des Japonais ont eu l’idée de transposer le principe dans un univers grandeur nature, explique Gabriel Durnerin, gérant d’Escape Prod, qui propose « L’évasion des Dalton ». Rapidement, le concept a été repris aux USA et s’est répandu partout dans le monde. Aujourd’hui, il n’y a plus une capitale qui ne propose pas ce genre d’activité ! « 

Chaque « escape room » propose un thème particulier, le plus souvent adulte : scène de meurtre, bibliothèque victorienne, temple maya, invasion de zombies... « A Bruxelles, il nous semblait logique d’aborder la bande dessinée. Le fait d’utiliser l’univers de Lucky Luke permet aussi de nous adresser à un public qui n’a pas l’habitude de fréquenter ce genre de lieux : les néophytes, les familles, les enfants... Tout le monde ou presque connaît les Dalton, il y a toute une histoire derrière, toute une trame narrative qu’il ne faut même pas rappeler. » Or, le fait d’arriver en terrain connu facilite grandement l’immersion. La preuve : il ne nous aura pas fallu cinq minutes pour nous demander qui jouerait le rôle d’Averell, l’abruti glouton, ou de Joe, le vilain petit teigneux.

L'escape room, ou l'art de s'évader... littéralement !
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Une mécanique bien rodée

Difficile d’expliquer concrètement comment se déroule l’aventure, au risque de briser l’effet de surprise et le plaisir de la découverte. On s’en tiendra donc à quelques généralités : dès le début, chacun farfouille fébrilement dans tous les coins avant de comprendre petit à petit le sens des énigmes. Celles-ci sont le plus souvent justement dosées : ni trop simples, ni insolubles, elles bloquent les joueurs assez longtemps pour faire monter la pression, sans les laisser arriver au stade de la lassitude ou du découragement. Et si vraiment le groupe galère, l’écran peut éventuellement – mais très parcimonieusement – fournir des indices.

Un travail d’équipe se met inconsciemment en place : il n’est pas rare qu’untel découvre comment utiliser un objet déniché par un autre. Avec, parfois, de belles surprises : le joueur qui s’estimait le moins rationnel avant de débuter est parfois celui qui s’avère le plus judicieux ! A de nombreuses reprises, on tâtonne, on refouille des endroits déjà fouillé des dizaines de fois pour y découvrir un indice qui avait échappé aux regards. Alors qu’on pense en avoir presque terminé, l’histoireévolue soudainement, fait sursauter. L’espace d’un instant, on retrouve les sensations de nos jeux d’enfants. On rit, on blague, on grimace, on s’emballe, bref : on s’amuse !

Il faut dire que le scénario est parfaitement rodé... « Le processus de création prend environ un mois, détaille Gabriel Durnerin. Après un premier brainstorming, il y a un véritable travail d’écriture de la trame générale et des différentes énigmes, qui chez nous a été réalisé par Guilaine Didier.  »

Passé cette étape créative, l’histoire est testée dans un prototype en carton, avant que l’équipe technique ne bidouille l’ « escape room » à proprement parler. Une tâche qui relève là aussi du grand art : derrière le décor se cachent quantité d’éléments électroniques, aptes à déclencher les mécanismes, à ouvrir une porte ou à faire tomber une clé, en fonction des actions des joueurs. « Tout est automatisé : depuis la salle de contrôle, nous ne faisons que suivre la progression des joueurs. « 

Reste enfin à « roder » le jeu, à l’adapter au comportement des premiers participants, dont les actions sont difficilement prévisibles. « On considère qu’il y a encore 5 à 10 % d’évolution à apporter au jeu à partir du moment où il ouvre au public. « 

L'escape room, ou l'art de s'évader... littéralement !
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A quelques minutes près

De notre côté, quelques minutes avant la fin du compte à rebours, nous voici libres et riches de sacs emplis de banknotes ! Yeeeha ! L’aventure était belle et intense. Un petit regret, toutefois : la rejouabilité d’une escape room est nulle, une fois qu’on en connaît toutes les subtilités. Heureusement, Escape Prod a ouvert il y a quelques mois une nouvelle salle, consacrée à l’univers de Blacksad, autre personnage de BD au profil intéressant. Dites, les gars, on se la fait un de ces jours ?

Infos pratiques

  • Escape prod, rue de l’étuve 69, 1000 Bruxelles, à 50 mètres du Manneken Pis.
  • Le nombre de joueurs est limité à six par salle, réservation obligatoire : www.escapeprod.com ou 02 511 47 65.
  • Le prix d’une séance (1h) varie selon le nombre de joueurs, de 45€/personne pour deux joueurs à 20€/personne pour six joueurs.
  • Plusieurs niveaux de difficulté existent, dont un dédié aux familles et un autre aux enfants de plus de 8 ans (entre 8 et 16 ans, obligatoirement accompagnés d’un adulte).

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