Tourisme: 5 doses d’adrénaline en Alentejo

Canyoning, randonnée, quad, VTT, surf et nuit à la belle étoile dans une des régions les plus préservées du Portugal.

Coincée entre Lisbonne et la frontière espagnole, dans le sud du Portugal, la région de l’Alentejo est propice à la pratique de nombreux sports dans un décor féerique de fleurs printanières et de chênes-lièges. Alentejo (prononcez Alentecho) signifie  » en-dessous du Tage « . De fait, pour se rendre dans l’Alentejo au départ de Lisbonne, il faut traverser le Tage en empruntant l’impressionnant pont Vasco Da Gama de 17 km de long, la version portugaise du non moins célèbre pont de l’Øresund en Suède. Dès qu’on aperçoit les paysages grandioses de l’Alentejo, on se met en mode zen. Cette province du Portugal, presque aussi étendue que les Pays-Bas, est nettement moins peuplée et compte moins d’un million d’habitants. Ne vous y trompez pas : le calme qui y règne n’est nullement synonyme d’oisiveté.

1 Surf sur l’océan

La longue plage de sable et les rouleaux de la cité balnéaire de Carvalhal attirent amateurs de bronzette et véliplanchistes. Pour une fois, je fais partie de la seconde catégorie. Après une séance d’exercices pratiques sur le sable, je me lance à l’assaut des vagues. Couchée sur la planche, j’attends la vague idéale pour me redresser en un minimum de temps. Pas moyen de faire mieux que la position agenouillée mais je persévère. À tel point qu’au bout de deux heures, je n’ai toujours pas envie de sortir de l’eau. Je recommande chaleureusement cette expérience, ne fût-ce que pour goûter au plaisir inégalé de voir les vagues de très très près.

2 Canyoning style vietnamien

Le canyoning est une activité sportive qui combine randonnée et natation en eaux vives. Un étroit sentier sablonneux mène au domaine d’Azenhas da Seda, véritable havre de paix propice au glamping (camping version de luxe) et aux sports d’eaux vives sur la rivière Seda. Notre choix se porte sur un hike & swim qui combine randonnée dans la nature et glissade aquatique.

Équipée d’une combinaison, d’un casque, de chaussons en néoprène et d’un gilet de sauvetage, j’entre dans la rivière, juste avant un rapide. La combinaison me tient chaud mais je ne suis pas très à l’aise quand je me mets en position de glisse pour la première fois : raide comme une planche, les pieds en avant et la tête dans l’axe horizontal de la ligne de flottaison, c’est-à-dire en safety position, je me laisse porter par le courant. L’adrénaline m’électrise. Les guides nous indiquent les meilleurs endroits pour entrer et sortir de la rivière. Dégoulinants, nous poursuivons notre aventure sur la terre ferme et un peu plus loin, nous nous transformons à nouveau en poissons dans un affluent de la Seda. J’ai l’impression de faire de la figuration dans un film vietnamien : je suis concentrée de la tête aux pieds. Je reste à l’affût d’une possible surprise, invisible à l’oeil dans les eaux troubles de la rivière : branche pointue, vase glissante ou encore un trou.

Après quelques faux pas qui me font presque boire la tasse, j’évolue lentement. Je n’aurais jamais cru que barboter dans la vase, le soleil dans les yeux, avec des compagnons de voyage qui pataugent en riant me procurerait une telle impression de décontraction. Cette balade aquatique s’est terminée par un saut dans la rivière du haut d’un rocher de 4 mètres pour un maximum de sensations.

3 Balade dans un décor de fleurs champêtres et de chênes-lièges

Randonner dans l’Alentejo au printemps est un véritable régal pour les yeux. Le parc naturel de Serra de São Mamede à Arronches, planté dans un décor montagneux et verdoyant, propose le Walking path of Esperança. Le parcours commence par un site extraordinaire en plein air, célèbre pour ses peintures rupestres préhistoriques, assez rares au Portugal. La plupart des sentiers sont plats, faciles d’accès et balisés. Il est possible de distinguer en certains endroits jusqu’à 100 espèces de fleurs et de plantes différentes au mètre carré. Le paysage fait penser à un tableau impressionniste composé de millions de points de couleurs, ponctué par ci par là d’un chêne-liège sur lequel une année a été badigeonnée à la peinture blanche.

Le chêne-liège n’est peut-être pas la plus belle création de Dame Nature mais c’est un arbre très utile et protégé. Il faut attendre septante ans avant de pouvoir récolter le liège pour la première fois. Le tailleur, un artisan hors pair, détache avec précaution l’écorce de l’arbre sans le blesser. Il doit ensuite attendre neuf ans pour pouvoir recommencer l’opération. Matière isolante par excellence, le liège connaît de nombreuses utilisations, du très classique bouchon de bouteille de vin (près de la moitié de la production mondiale vient de l’Alentejo) à la confection de robes, sacs à main, parapluies, bijoux et bikinis.

4 Visite des domaines viticoles en quad

Un nouveau défi nous attend dans les environs de Beja : un cours accéléré de quad. Parcourir un paysage de toute beauté sur un engin aussi bruyant peut paraître choquant, je l’admets, mais on se rend assez vite compte que le quad permet de découvrir la région sous un tout autre angle, ce qui serait tout simplement impossible à pied ou à vélo. On longe des rangées interminables d’arbres fruitiers et de vignes qui produisent un vin rouge de toute première qualité en six mois de temps. En bonne novice, je reste concentrée car tout en jouissant du paysage, il faut constamment veiller à ne pas se perdre. Le copilote à l’arrière est une aide très précieuse. Les larges pneus du quad conviennent parfaitement pour ce genre de périple offroad, même si on n’est jamais à l’abri de quelques éclaboussures de boue quand on passe dans une grosse flaque. Une fois le soleil couché, changement radical de décor. La nuit, en l’absence de nuages, offre le somptueux spectacle d’un des ciels les plus étoilés d’Europe.

5 En VTT à la découverte du patrimoine mondial

L’Alentejo compte d’authentiques cités médievales comme Monsaraz et Estremoz. Nous enfourchons notre VTT pour nous rendre de notre hôtel décoré de liège à la ville universitaire d’Évora, patrimoine mondial de l’Unesco. Les pistes cyclables ne sont pas légion mais les routes sont tellement peu fréquentées qu’il n’y a aucun risque. Notre fière monture équipée de gros pneus permet d’emprunter les routes non asphaltées menant aux remparts de la cité. Plusieurs organisations proposent des visites guidées à vélo.

Ce ne sont pas les raisons de visiter Évora qui manquent mais la Capela dos Ossos, la Chapelle des Ossements, mérite assurément le détour. C’est la plus grande et la mieux conservée des chapelles de ce genre au Portugal. Âmes sensibles s’abstenir : la chapelle offre un décor pour le moins lugubre. Les piliers et les murs sont entièrement revêtus de crânes et d’ossements savamment agencés. Le tout surmonté de cette maxime des moines Franciscains : Nous, les os ici présents, attendons que les vôtres nous rejoignent. Ceci pour nous rappeler que la vie terrestre importe moins que le salut de notre âme.