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Aïe, mon talon

Vous vous levez le matin avec une sensation de brûlure intense au talon ? Il s’agit sans doute d’une inflammation du tendon qui peut entraîner la formation d’une épine calcanéenne. Voici comment ça se traite !

Une douleur persistante au talon est le cauchemar des randonneurs et des joggeurs, qui se retrouvent au repos forcé.  » Dans 8 cas sur 10, ils s’agit d’une fasciite plantaire, soit l’inflammation du tendon de la voûte plantaire qui va de l’os du talon jusqu’à l’éminence du gros orteil. Ce tendon assure la stabilité et le déroulement du pied pendant la marche tout en amortissant les chocs, précise Saskia Van Bouwel, chirurgien orthopédiste. Une des caractéristiques est la douleur intense qu’on ressent le matin, lors des premiers pas au saut du lit, ou après un long moment en position assise. Le milieu du talon est très sensible. En marchant, la douleur s’atténue mais sans traitement, l’inflammation s’aggrave. Si la douleur au talon persiste deux à trois semaines, mieux vaut consulter un spécialiste. Plus on attend, plus le tendon enflammé durcit et plus le traitement risque d’être long. « 

Quand il y a une inflammation, le tendon de la voûte plantaire perd son élasticité, rétrécit et durcit. Lorqu’on se lève, il ne se tend pas en souplesse, d’où la douleur des premiers pas.  » On confond souvent fasciite plantaire et épine calcanéenne, une calcification ou excroissance osseuse à l’endroit où le fascia plantaire rejoint l’os du talon (le calcanéum), note le Dr Van Bouwel. Une inflammation prolongée de la voûte plantaire finit par provoquer un surmenage et une irritation de la membrane du talon. En réaction, une excroissance osseuse, appelée épine calcanéenne ou épine de Lenoir peut se former. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la douleur n’est pas due à l’épine osseuse mais bien à l’inflammation sous-jacente. L’inflammation peut s’accompagner d’une épine calcanéenne mais ce n’est pas forcément le cas. « 

La patience est de rigueur

Des traitements efficaces permettent de traiter la fasciite plantaire, avec ou sans épine calcanéenne.

 » Les anti-inflammatoires ne servent à rien, assure le Dr. Van Bouwel. Des exercices de stretching et une semelle adaptée sont les seuls remèdes efficaces à condition de faire preuve de patience et de persévérance. Comptez minimum trois à six mois, voire plus avant de récupérer. En attendant, restez en mouvement : marchez, courez, sautez si vous en avez envie. L’inactivité ne fait qu’accélérer le durcissement du tendon. « 

Un kiné peut aussi vous apprendre des exercices à pratiquer à domicile, comme le stretching du tendon et du triceps sural. Le port d’une semelle sur mesure permet d’étirer le tendon de la voûte plantaire raccourci et donc de résorber l’inflammation.  » N’achetez surtout pas de semelles classiques dont la seule efficacité consiste au mieux à amortir les chocs. Les semelles de soutien se portent idéalement tous les jours. Elles sont amovibles et s’adaptent à toutes les chaussures, y compris les pantoufles et les sandales. Prévoyez un petit temps d’adaptation. Au début, ne marchez avec les semelles qu’une heure ou deux par jour et augmentez progressivement. D’autres thérapies complémentaires peuvent accélérer la guérison, comme les injections de cortisone et d’antidouleurs, et le shockwave (ESWT). Cette technique consiste à envoyer une puissante onde sonore sur le tendon pour provoquer des microdéchirures et accélérer le processus naturel de guérison. «  La thérapie shockwave donne des résultats assez variables et n’est pas remboursée. L’opération, elle, n’est pas conseillée. Elle ne donne de bons résultats que dans 60 % des cas et risque d’entraîner des complications.

Les bonnes chaussures

La fasciite plantaire peut avoir différentes origines : l’obésité, le surmenage, une entorse de la cheville, les pieds creux ou plats. En septembre, de nombreuses personnes consultent un orthopédiste pour des douleurs au talon après avoir porté de mauvaises sandales tout l’été.  » Lorsqu’on achète de nouvelles chaussures, il faut penser à long terme, conseille la spécialiste. Privilégiez les chaussures avec une semelle solide mais souple, un talon ni trop haut ni trop bas (2,5 à 3 cm). Les talons trop étroits ou trop hauts accentuent la pression sur le talon. Les chaussures plates comme les ballerines n’amortissent pas assez. Dans le cas d’une inflammation du talon, il est tout à fait déconseillé de marcher pieds nus. « 

Les autres problèmes

Si la douleur se situe derrière la cheville, il peut s’agir d’une inflammation du tendon d’Achille, liée à une mauvaise posture, une surcharge ou des chaussures plates.  » Dans ce cas aussi, le tendon rétrécit, durcit et tire sur la membrane osseuse, ce qui peut provoquer l’apparition d’une épine calcanéenne derrière le talon. A cause de la douleur, il est parfois impossible de porter des chaussures fermées. Le traitement consiste également à effectuer des exercices de stretching quotidiens pour étirer les tendons enflammés, jusqu’à la limite de la douleur. Une semelle aide à amortir les chocs, ainsi que des chaussures avec un bon talon, éventuellement en caoutchouc. « 

Stretching de la voûte plantaire

1 Mettez une petite bouteille d’eau au congélateur.

2 En position assise, faites rouler la bouteille d’eau glacée sous la voûte plantaire par de petits mouvements de va-et-vient.

3 Vous faites ainsi d’une pierre deux coups : vous étirez le tendon de la voûte plantaire, la glace a un effet anti-inflammatoire et antidouleur.

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