Bernadette Demasure et sa fille Lot Decock ont remporté le PrimaDonna Award du stylisme de lingerie. © ELLEN VAN DEN BOUWHUYSE

Comment choisir le bon soutien-gorge

Plus de 70% des femmes portent un soutien-gorge mal adapté à leur morphologie... et qui ne remplit dès lors pas son rôle. Les conseils de spécialistes.

Des bretelles qui glissent ou qui serrent sur les épaules... Un soutien-gorge dont on doit sans cesse redescendre l’élastique, un balconnet qu’on a hâte de retirer sitôt rentrée chez soi... Ces situations vous sont familières ? Vous n’êtes pas la seule. Plus de 70 % des femmes portent un soutien-gorge mal adapté.

Mal au dos et aux épaules

Porter un soutien mal adapté occasionne au minimum une gêne. Mais, à la longue, cela finit parfois par provoquer des problèmes plus sérieux.  » On ignore si le port d’un soutien-gorge mal adapté contribue à faire tomber la poitrine. En revanche, on sait que le dos et les épaules en souffrent, assure le Dr Marian Vanhoeij à la Clinique du sein de l’UZ Brussel. De nombreuses femmes consultent pour des douleurs aux seins associées à des maux de dos et d’épaules. Nous constatons bien souvent qu’elles portent un soutien-gorge non adapté. Les armatures entrent dans la chair, quand ce ne sont pas des bretelles trop fines et trop serrées qui entaillent le muscle des épaules. La plupart de ces symptômes disparaissent avec le port d’un soutien-gorge adapté. Bonus : on adopte du coup une meilleure posture, plus droite. Si toutes les femmes pouvaient porter un bon soutien-gorge, qui minimise légèrement leur poitrine, elles auraient moins tendance à se voûter et redresseraient naturellement le dos.  » La première chose à faire ? Se rendre dans une boutique spécialisée pour acheter sa lingerie.  » Un soutien-gorge de qualité coûte cher mais on peut aussi glaner de précieux conseils dans des magasins plus abordables. Cela dit, il ne faut pas hésiter à mettre le prix, car mieux vaut un seul bon soutien-gorge que plusieurs de piètre qualité. « 

L’art de la mesure

Tenue par un duo mère/fille, Bernadette Demasure et Lot Decock, la boutique de lingerie Ohlala ! a remporté le PrimaDonna Award pour le stylisme de ses sous-vêtements.  » Nous sommes toujours étonnées de voir le nombre de femmes qui n’ont jamais fait mesurer leur tour de poitrine en boutique. Pourtant, il faudrait le faire régulièrement, car le corps change, souligne Lot Decock. La plupart des femmes s’achètent des soutiens trop petits. Or, c’est un vêtement qu’il faut absolument acheter à sa taille ! Un soutien-gorge mal adapté gêne tout de suite. Certaines femmes choisissent un dos une taille trop large pour éviter de prendre un bonnet au-dessus. Or, quand un 90C devient trop juste, il faut passer au 90D. Au lieu de quoi beaucoup de femmes optent pour un 95C. Il est vrai que la taille du bonnet augmente un peu avec le tour de dos mais quand on prend un dos trop large, les seins ne sont pas suffisamment maintenus. « 

Un bon soutien-gorge doit savoir se faire oublier.  » Faire confiance à ses sensations est une bonne chose mais cela ne suffit pas, nuance Bernadette Demasure. Le choix du soutien-gorge a de l’importance, même sous des vêtements couvrants. Selon le modèle (balconnet, push-up, coeur croisé...), la silhouette sera différente. Nous proposons à nos clientes d’enfiler un T-shirt pour juger de l’effet. Dans les soirées, je me dis souvent : si cette femme portait d’autres dessous, sa robe serait plus flatteuse. » Le choix du soutien-gorge est de plus en plus lié à la mode.  » Avant, l’assortiment se limitait au blanc à porter sous un chemisier blanc, au noir, plus habillé et, enfin, au chair, remarque Bernadette Demasure. Nos collections restaient parfois en boutique quatre saisons d’affilée. Aujourd’hui les modèles et les coloris suivent les tendances. « 

 » Nous sommes libres de proposer à nos clientes des modèles auxquels elles n’auraient pas pensé. C’est un aspect de notre métier que j’adore, reconnaît Lot Decock. Dans une boutique de prêt-à-porter, si une femme cherche un pantalon, inutile de lui montrer une jupe. Chez nous, nous pouvons dévier de ce qu’elle avait en tête. Cette honnêteté et ce côté conseil sont très appréciés. « 

Psychologie dans la cabine

La prudence et le tact restent bien sûr de mise vis-à-vis des clientes qui se mettent à nu dans tous les sens du terme.  » Nous sommes très proches d’elles, nous accompagnons les femmes dans la cabine d’essayage, précise Bernadette. La conversation glisse très vite sur des sujets personnels, joyeux ou moins. « 

 » Telle cliente a pris du poids parce que... Telle autre a maigri parce que... Il y a toujours une raison intime, assure Lot Decock. Une styliste en lingerie doit savoir écouter et faire des propositions. Rien ne me fait plus plaisir que de redonner confiance à une cliente qui a une piètre image d’elle-même. J’aime la voir repartir heureuse. Quand une cliente est mal lunée, ce qui arrive, il faut se dire que quelque chose ne va pas. Elle a peut-être des problèmes de couple. Il faut savoir l’accepter et lui montrer les modèles de lingerie. Quand nous réussissons à briser la glace, nous pouvons nous dire que la journée a été bonne. « 

Pour mettre chaque cliente à l’aise, Lot et Bernadette s’efforcent également d’engager des vendeuses aux profils variés.  » Une femme enrobée n’apprécie en général pas d’être conseillée par une vendeuse hyper mince ; elle préférera avoir affaire à une personne plus ronde. Une femme d’un certain âge préférera, elle, être accueillie par une vendeuse de son âge. L’inverse existe aussi : une femme d’âge mûr peut avoir envie d’être accompagnée par une jeune vendeuse très au fait des dernières tendances. « 

A la ménopause

Les femmes ménopausées se sentent souvent moins bien dans leur peau. Nos spécialistes de la lingerie l’ont aussi déjà remarqué :  » Le corps change, même si on ne prend pas forcément du poids. En outre, il y a beaucoup d’événements à fêter : son cinquantième anniversaire, le mariage des enfants, etc. On veut donc se montrer à son avantage. A nous de redonner confiance aux femmes. Une lingerie bien choisie a ce pouvoir-là : un slip taille haute bordé de dentelle ou un body gainant soulignent la féminité et donnent un coup de boost à l’égo. « 

Les femmes ont-elles plus de poitrine qu’avant ?

Forte de trente ans de métier comme styliste lingerie, Bernadette Demasure constate qu’elle vend nettement plus de soutiens à grands bonnets.  » J’ai l’impression que les poitrines ont grossi. Les bikinis au tour de dos assez fin mais avec bonnet G ne sont plus une exception. « 

 » Les statistiques semblent, en effet, indiquer que les poitrines ont pris de l’ampleur, confirme le Dr Marian Vanhoeij. D’une manière générale, les femmes pèsent plus lourd qu’avant, sans doute en raison des traces d’hormones dans notre alimentation et de notre environnement pollué. Les jeunes filles ont leurs règles toujours plus tôt. Tant que la poitrine ne gagne qu’en graisse et pas en glandes, cela ne pose pas de problème. Car des seins plus denses, plus glandulaires présentent un risque accru de cancer. Aux Etats-Unis, lors d’une mammographie, la densité des seins doit déjà être mentionnée (plutôt adipeux et souples ou plutôt denses et glandulaires). Cette information nous permettra de confirmer ou non un risque accru de cancer du sein. « 

5 questions à la styliste lingerie

1. Comment déterminer ma taille de soutien-gorge ?

Mesurez votre tour de dos juste sous les seins. Tendez bien le mètre-ruban. Le chiffre vous donne le tour de poitrine européen (pour les tailles françaises, ajoutez 15). Pour le bonnet, prenez la mesure sur les seins, sans serrer le mètre-ruban, à hauteur des mamelons. La différence entre les deux mesures détermine la lettre du bonnet. Si la différence est de 17 cm, il vous faut un bonnet C. Une différence de 19 cm correspond à un bonnet D. Mais le bonnet peut varier selon le modèle de soutien-gorge. Il est important que le milieu du soutien, entre les seins, touche les os de la cage thoracique. Il ne peut pas se soulever et former un  » pont « .

2. Et si mes seins n’ont pas le même volume ?

Aucune femme n’a les seins parfaitement symétriques. Si la différence est vraiment marquée, on peut reprendre un des deux bonnets ou ajouter une mousse du côté le plus menu. En cas de différence très marquée, il existe de jolis soutiens à prothèse partielle.

3. La lingerie sculptante est-elle sans risque ?

Les dessous sculptants appelés aussi shapewear sont devenus si confortables qu’on peut sans problème les porter pendant toute la journée. Mais ce type de lingerie véhicule encore des idées reçues : non, le shapewear ne vous fera pas perdre une taille. Il ne faut surtout pas l’acheter trop petit, sinon il risque de ne pas bien vous aller. Si vous optez pour des dessous correcteurs (gaine, body, slips taille haute...), leur choix dépend de vos formes et des vêtements que vous porterez par-dessus. Il faut les essayer pour juger de leur effet.

4. Le port d’une brassière de sport est-il recommandé ?

Lorsqu’une femme fait du jogging, sa poitrine peut monter et descendre selon une amplitude de 10 cm. Pour éviter d’abîmer les tissus, le port d’un bon soutien-gorge de sport s’impose. Bannissez les modèles à armatures et privilégiez le confort. Le soutien ou la brassière doit être parfaitement emboîtant et offrir un excellent maintien. Une slip spécifique n’est pas nécessaire, même si s’offrir un haut et un bas coordonnés est toujours élégant.

5. Comment dois-je laver mes soutiens-gorge ?

Les soutiens-gorge sont très sensibles au rétrécissement, surtout à hauteur des armatures. Ne les lavez jamais à plus de 30 °C, sur programme délicat et dans un sachet spécial en mousseline. Ne les mettez pas au séchoir. Faites-les sécher à plat sur une serviette ou sur une corde à linge (avec une protection sous les pinces).

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