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Faux souvenir et déjà-vu: comment les expliquer ?

Notre mémoire est parfois victime de failles. D’où viennent les faux souvenirs et les impressions de déjà-vu ? Et est-ce grave ?

Le faux souvenir: plus fréquent que le vrai

Être convaincu mordicus d’avoir vu ou fait quelque chose, alors qu’il n’en est rien ou que quelques détails sont erronés: voilà ce qu’est un faux souvenir. Et dans notre vie, il y a davantage de faux souvenirs que de vrais (y compris parmi les souvenirs les plus récents). C’est d’ailleurs pour cela que Freud s’y est particulièrement intéressé, cherchant le sens qu’ils pouvaient avoir pour l’individu.

L’explication : la mémoire se reconstruit régulièrement... en y intégrant des événements dénichés dans le présent qui se télescopent avec d’autres, plus ou moins anciens, plus ou moins semblables. C’est en cela que la mémoire ne peut restituer une pure réalité, mais un récit de la réalité. Et que par conviction personnelle ou par conviction induite, nous fabriquons de faux souvenirs. En toute bonne foi ou par manipulation.

Ce n’est pas grave:

  • Tant que le faux souvenir ne donne pas lieu à de faux témoignages ne pouvant être contredits par des preuves irréfutables.
  • Tant que ce ne sont pas de faux souvenirs induits par malveillance par un manipulateur ou par maladresse lors d’un interrogatoire judiciaire.
  • Tant que l’on se moque de savoir que les autobiographies que l’on dévore ne peuvent jamais être 100% véridiques...

Le déjà-vu ou déjà-vécu: curieuse expérience de « familiarité »

Éprouver pendant trente secondes le sentiment d’être déjà venu dans une maison inconnue ou d’avoir eu une même conversation sur un sujet pourtant inédit... cette expérience a priori impossible est pourtant banale: sept personnes sur dix l’ont déjà vécue au moins une fois (souvent plusieurs) dans leur vie. Elle débute neuf fois sur dix à l’adolescence et peut parfois disparaître vers 50 ans.

L’explication : c’est à l’intérieur d’un lieu, plus qu’à l’extérieur, en fin de journée, et souvent lorsque vous êtes accompagné que se produit cette curieuse expérience. Surtout quand on est fatigué, stressé. Probablement parce que chez les personnes très sensibles, certains indices (odeur, lumière, voix de l’accompagnateur...) rafraîchissent dans la mémoire la « zone de familiarité ». Ou encore parce qu’un défaut de perception (bénin) fait se succéder dans un influx nerveux, deux images (comme deux photos prises en rafale), ancienne et actuelle, stimulant là encore la zone de familiarité de la mémoire.

Ce n’est pas grave:

  • A condition de ne pas se laisser convaincre par un gourou que cette impression, parfaitement normale, traduirait une vie antérieure ou autres déplacements spatio-temporels, favorisant en cela le travail de recrutement d’une secte...
  • Si les scènes de déjà-vu déjà-vécu varient. Si la scène est toujours la même, elle traduit une crise d’épilepsie temporale et cette décharge électrique dans une zone de la mémoire se produit toujours juste avant la crise majeure.
  • Si l’impression de déjà-vu est isolée. Lorsqu’elle est associée à des symptômes psychiques, elle traduit très souvent une schizophrénie et parfois une dépression.

Auteur: Magali Quent (nt-f.com)

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