Hémorroïdes ? Faites-vous examiner ! © ISTOCK

Hémorroïdes? Faites-vous examiner!

Selon la légende, la défaite de Napoléon à Waterloo serait due à ses hémorroïdes. L’empereur est loin d’être un cas isolé: près d’une personne sur deux en souffre à un moment ou un autre mais, par pudeur, ne se fait pas examiner.

De nombreuses personnes soulagent leurs symptômes avec un onguent et l’un ou l’autre médicament de la pharmacopée familiale. Résultat, ils ne se font pas examiner et ne bénéficient donc pas d’un diagnostic. Un examen de l’anus et du rectum s’avère pourtant nécessaire pour cibler la cause de cet inconfort, explique le Dr. Jan Wyndaele, gastro-entérologue spécialisé en proctologie. Outre les hémorroïdes, il peut s’agir de fissures anales, d’une maladie de la peau, d’une tumeur de l’anus ou du rectum. Qui plus est, l’examen anal n’est pas douloureux et peut s’effectuer sans préparation particulière. « 

Comment apparaissent les hémorroïdes ?

Tout le monde est prédisposé. Les hémorroïdes sont de petites veines dilatées qui se forment sous la peau à l’orifice de l’anus ou dans la partie inférieure du rectum. Elles ne provoquent un réel inconfort que quand elles se dilatent anormalement. Ce sont en quelque sorte des varices mais au niveau de l’anus et du rectum. On distingue deux types d’hémorroïdes qui occasionnent des symptômes différents. Les hémorroïdes internes apparaissent sous la peau à la sortie de l’anus. Dans un premier stade, elles provoquent une perte de sang rouge caractéristique. Les vaisseaux se dilatent et forment de petites enflures qui au fil du temps, peuvent évoluer. Au stade suivant, l’hémorroïde sort de l’anus au moment de la défécation et revient en position normale après l’effort. Au troisième et quatrième stades, l’hémorroïde interne devient une protubérance permanente qui ne peut être replacée à l’intérieur de l’anus (prolapsus). Il existe aussi des hémorroïdes externes qui apparaissent sur le pourtour de l’anus causant une enflure violacée douloureuse de la région anale. Une toux, un effort au moment de la défécation ou le port de poids lourds peuvent provoquer des saignements.

Comment s’effectue un examen de l’anus ?

Bien qu’indolore, l’anuscopie, complétée ou non pas une rectoscopie, n’a assurément rien d’agréable. En outre, les maladies anales sont généralement taboues et la position à prendre pour l’examen (penché en avant en appui sur les coudes et les genoux) est particulièrement déplaisante, voire embarrassante. Des alternatives sont étudiées mais cette position est jusqu’à présent la plus propice à un examen anatomique efficace. À l’aide d’un anuscope, instrument composé d’un petit tube doté d’une lampe et d’une caméra à l’extrémité, le proctologue examine la muqueuse du canal anal. Le rectoscope, un peu plus long, permet d’ausculter le rectum.

Peut-on les prévenir ?

Pas vraiment. Les antécédents familiaux jouent un rôle important. Les personnes qui souffrent de varices aux jambes sont plus exposées. Il importe d’avoir de bonnes habitudes de défécation. «  » Il est vivement déconseillé de faire des efforts prolongés et de passer de longs moments aux toilettes. Normalement, cinq minutes devraient suffire. La constipation et la diarrhée augmentent également le risque d’hémorroïdes. De nombreuses femmes en souffrent pendant la grossesse mais les symptômes disparaissent généralement après l’accouchement. « 

Que faire ?

Une alimentation riche en fibres et une bonne hydratation (1,5 l d’eau par jour) facilitent le transit intestinal. Le recours aux laxatifs non stimulants (lactulose, macrogol) peut s’avérer utile. En cas de gonflement et de douleur, un bain de siège chaud peut soulager. L’alcool, le café, le thé, les plats épicés sont généralement déconseillés, même si leur impact n’a pas été scientifiquement prouvé.

Quid de l’automédication ?

Les pharmacies proposent plusieurs remèdes en vente libre, des onguents aux suppositoires aux effets analgésiques et anti-inflammatoires, en passant par des comprimés destinés à renforcer le système veineux.  » L’action de ces préparations n’est toutefois pas avérée. Les hémorroïdes disparaissent parfois sans traitement. Sans parler de l’effet placebo. La plupart des préparations sont inoffensives, sauf celles à base de corticoïdes. Leur usage à long terme est vivement déconseillé. « 

Une intervention médicale estelle indiquée ?

Pour ce qui est des techniques de traitement, rien de bien nouveau.  » Cette partie du corps est, par définition, contaminée du fait de la présence inévitable de nombreuses bactéries potentiellement dangereuses. D’où l’échec de nombreuses innovations hightech.  » Les traitements visent à limiter les saignements ou à extraire les tissus. Le traitement ad hoc dépend du stade d’évolution des hémorroïdes.

 » Il existe des solutions non chirurgicales pour les hémorroïdes internes de petite taille, comme la neutralisation par injection de liquide sclérosant ou la photocoagulation infrarouge. Les hémorroïdes peuvent aussi être sclérosées par la pose de petits élastiques. Ces traitements indolores doivent toutefois être répétés en cas de récidive. En ce qui concerne les hémorroïdes de grande taille ou de types mixtes, la chirurgie est la seule solution. Les hémorroïdes sont extraites sous anesthésie. Une approche efficace et définitive mais qui implique une revalidation assez pénible de plusieurs semaines. D’où la recherche de nouvelles alternatives. « 

Consultez un médecin en cas de

saignement anal

gonflement de la région anale

démangeaisons près de l’anus

inconfort en position assise

fausse alerte de besoin d’aller à selle

KARI VAN HOORICK

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