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130 km/h sur autoroute ? L’AWSR et Inter-Environnement Wallonie s’y opposent

Faut-il autoriser de rouler à 130 km/h sur certains tronçons d’autoroute en Wallonie ? Suite à la proposition du Gouvernement fédéral, le débat est à la une de l’actualité. Pour l’AWSR et Inter-Environnement Wallonie la réponse est non.

La vitesse excessive ou inadaptée est responsable de 30% des accidents mortels en Wallonie (environ 100 tués par an) ce qui en fait la première cause des accidents de la route. Les nombreuses études basées sur des cas réels concluent à l’existence d’un lien clair entre une augmentation de la vitesse et une augmentation du nombre d’accidents de la route ainsi que de leur gravité. Même si les véhicules sont beaucoup plus sûrs aujourd’hui qu’il y a 30 ans, il y a des choses qui ne changent pas. Lorsqu’on roule plus vite : on maîtrise moins bien son véhicule, on risque davantage d’en perdre le contrôle, on parcourra une plus longue distance avant de s’arrêter en cas de freinage d’urgence et surtout, en cas de collision, le choc sera plus violent et donc, les conséquences de l’accident également. Par ailleurs, un différentiel de vitesse plus important entre les véhicules risque également d’augmenter le nombre d’accidents.

Selon les estimations de l’AWSR, modifier à la hausse la vitesse autorisée sur les autoroutes wallonnes augmenterait le nombre de tués et de blessés. Même en considérant que tous les conducteurs ne rouleraient pas 10 km/h plus vite, le nombre annuel de tués sur les autoroutes wallonnes passerait quand même de 41 à environ 50 (+22%) et le nombre de blessés de 1.420 à environ 1.550 (+9%). Le Gouvernement wallon a fixé l’objectif de ne pas dépasser 200 tués sur l’ensemble des routes d’ici 2020. Les efforts déployés par tous les organismes qui oeuvrent pour la sécurité routière en Wallonie pour tendre vers cet objectif risquent d’être fortement entravés si cette mesure est mise en oeuvre.

Bénéfice minime par rapport à l’impact négatif sur la sécurité routière

Le gain en termes de mobilité est minime. En effet, pour un trajet de 60 km sur autoroute, un automobiliste ne gagnerait au maximum que 3 minutes en augmentant sa vitesse de 10 km/h. En pratique, en tenant compte des ralentissements, des bouchons ou des travaux éventuels, le gain serait encore moindre. Par ailleurs, rouler plus vite implique de respecter une distance de sécurité plus importante. Or, un quart des wallons sous-estiment déjà la distance de sécurité nécessaire à 120 km/h (70 m) et risquent donc de ne pas adapter leur comportement.

Infrastructure non-adaptée

La configuration des autoroutes wallonnes est différente de celle des autoroutes françaises ou des autoroutes allemandes. Il y a beaucoup plus d’entrées et de sorties. En 2015, en Belgique, 30% des accidents mortels survenus sur autoroute ont eu lieu sur ou à proximité d’une bretelle ou d’une sortie et 5% à hauteur d’un échangeur. Cette configuration différente ainsi qu’un comportement sans doute plus à risque des usagers wallons expliquent que le risque de décès par milliard de kilomètres parcourus est 50% plus important en Wallonie (2,9) qu’en France (2,0) ou en Allemagne (1,7). Si ces deux pays pratiquent des limitations de vitesse sur autoroute plus élevées qu’en Belgique, elles sont revues à la baisse sur les portions les plus complexes ou denses.

Banalisation des excès de vitesse

Augmenter la limitation de vitesse sur certains tronçons d’autoroute enverrait un mauvais signal aux automobilistes. Le fait d’établir quelques exceptions à la règle risque en effet de banaliser un dépassement de la limitation de 10km/h sur autoroute même sur les tronçons à 120km/h.

La Wallonie est déjà à la traine au niveau européen

La Wallonie fait déjà partie des moins bons élèves européens en matière de sécurité routière. En 2016, le nombre de tués par million d’habitants y était de 84 contre 50 en moyenne en Europe. Par ailleurs, la vitesse moyenne sur autoroute en Wallonie (119km/h en moyenne) est déjà élevée par rapport à celles d’autres pays européens où la limitation de vitesse est pourtant supérieure à celle pratiquée en Belgique. Par exemple, les Français roulent en moyenne à 118 km/h sur leurs nombreuses portions d’autoroute où la limitation de vitesse est fixée à 130 km/h.

Plus d’émissions de CO2 et une consommation accrue de carburant

Une voiture moyenne qui se déplace à une vitesse constante de 130 km/h consomme environ 13% de carburant de plus que le même véhicule roulant à 120 km/h. Les émissions de CO2, qui sont directement proportionnelles à la consommation de carburant, augmentent dans les mêmes proportions.

Une augmentation de la vitesse maximale autorisée sur autoroute aurait donc pour effet d’augmenter le coût d’utilisation de la voiture (consommation de carburant accrue) et les émissions de gaz à effet de serre du transport. Alors même que, dans le cadre de l’élaboration du Plan Air Climat Energie 2030 pour la Wallonie, une des mesures proposées consiste justement à limiter les vitesses maximales. Mesure certes impopulaire mais nécessaire dans le cadre d’un large portefeuille d’actions visant à maîtriser les émissions de CO2 des transports.

Impact négatif sur la qualité de l’air

Une augmentation de la vitesse pratiquée sur autoroute de 120 à 130 km/h aura également pour effet une hausse significative des émissions d’oxydes d’azote et de particules fines, les deux polluants atmosphériques qui affectent le plus la santé humaine. Alors que la Wallonie cherche à améliorer la qualité de l’air, notamment en prévoyant une sortie progressive du diesel, l’augmentation de la vitesse maximale autorisée sur autoroute serait complètement contre-productive.

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