© Getty Images/iStockphoto

Bien couvert en payant le moins possible !

Ou comment réduire le coût d’une assurance auto pour un jeune conducteur. Payer le juste prix, au kilomètre ou avec une omnium dégressive... Ou encore comment rompre un contrat avant terme.

1 – Jeune, mais pas ruiné

Kévin a 23 ans. Le jeune homme a déclassé sa VW Golf contre un poteau. C’est son troisième accident. Le hic, c’est qu’il est désigné en tant que conducteur occasionnel. C’est son père qui est le conducteur principal. L’assurance omnium est au nom du paternel, car moins chère.

L’assureur interpellé, étonné de constater que Kevin était au volant à chaque sinistre, a donc envoyé un de ses inspecteurs sur le terrain. Ce dernier a notamment mené une enquête de voisinage, comme cela se fait dans le monde des assurances, et il a constaté que le jeune homme était le seul conducteur de l’auto. Verdict ? L’assureur a considéré qu’il s’agissait d’une fausse déclaration  » intentionnelle « , bref d’une fraude à l’assurance. Résultat des courses ? Le contrat a été considéré comme nul et l’accident n’a pas été indemnisé.

Invoquer la nullité du contrat

 » Le preneur d’assurance a l’obligation légale de déclarer à son assureur les éléments permettant de mesurer le niveau de risque, commente Bert Brabants, product manager Mobilité chez Axa Assurances. Cela suppose de déclarer l’identité du conducteur principal du véhicule, soit la personne qui roule le plus longtemps, le plus souvent avec le véhicule. Si un jeune n’est pas déclaré en tant que conducteur principal alors qu’il l’est, il risque de ne pas être couvert en cas d’accident engageant sa responsabilité. En pareil cas, l’assureur pourrait invoquer la nullité du contrat. Cela signifie qu’il indemnisera les personnes lésées mais qu’il pourra, ensuite, se retourner contre le preneur d’assurance qui aura intentionnellement caché des informations nécessaires à l’estimation du risque. « 

Dès qu’un jeune conduit un véhicule, même occasionnellement, les parents doivent le déclarer à leur assureur.

Légalement, un jeune peut évidemment rouler avec une voiture assurée au nom de ses parents. Mais tout réside dans la déclaration faite à la compagnie. Et tout réside dans la qualité de conducteur régulier et de conducteur occasionnel. Le régulier est celui qui utilise le plus souvent le véhicule. L’occasionnel, comme son nom l’indique, c’est celui qui l’utilise de temps en temps. Chez Assuralia, l’Union professionnelle des entreprises d’assurances, on donne l’exemple d’une étudiante qui utilise occasionnellement la voiture familiale sauf durant ses trois mois de stage où elle la prend tous les jours. Que faire ? Communiquer par email ou par recommandé ce changement. Il y a aura sans doute une légère augmentation de prime.

Reste que si de jeunes conducteurs profitent  » abusivement  » de l’assurance de leurs parents, c’est aussi à cause de tarifs plus élevés. De fait, si le conducteur régulier est un jeune, la prime est plus onéreuse. Les assureurs, s’appuyant sur des statistiques de sinistralité, constatent que les accidents sont plus nombreux à cause de leur manque d’expérience. La surprime peut atteindre jusqu’à 100 % la première année. Elle est ensuite dégressive. Un exemple de tarif ? Un conducteur de 20 ans avec peu d’expérience pourra facilement payer 1.400€ pour assurer une Peugeot 207 d’occasion de 2010 d’une puissance de 55KW. Cette somme est évidemment difficile à débourser pour un étudiant. Attention, ici, il s’agit de s’assurer uniquement pour la seule responsabilité civile (RC) et non l’omnium. La RC est une assurance obligatoire. Elle couvre les dommages matériels et corporels que le conducteur cause aux autres en cas d’accident.

Mais alors, que faire pour réduire le tarif ?

Certaines compagnies offrent une réduction de prime aux jeunes ayant suivi un stage de conduite. Parfois, regrouper plusieurs contrats (incendie, RC vie privée...) chez un même assureur permet d’obtenir une ristourne. Le jeune peut également accepter le doublement de la franchise ou certaines restrictions à la conduite comme des interdictions de conduites durant les nuits de week-end. « 

Il existe effectivement plusieurs solutions pour diminuer la prime d’un jeune conducteur, embraye Bert Brabants d’Axa. Avant d’acquérir son propre véhicule, le jeune peut gagner de l’expérience en étant conducteur occasionnel du véhicule de ses parents. Cela lui permettra, le jour où il souhaite devenir conducteur principal d’un véhicule, de faire valoir ses années d’expérience pour réduire le montant de sa prime. Pour le reste, il peut opter pour un véhicule moins puissant. Notre compagnie propose aussi une driveXperience. Il s’agit d’une clé branchée dans la prise diagnostic du véhicule et d’une app téléchargée sur le smartphone. Le système évalue la conduite du jeune sur base de 4 critères : accélération, freinage, virages, et vitesse. Après chaque trajet, le jeune reçoit un score ainsi qu’une carte retraçant son parcours pour qu’il puisse voir les points forts de son trajet et ceux à améliorer. S’il choisit la driveXperience, le jeune bénéficie d’une réduction de 20% sur sa prime d’assurance. Cette réduction peut atteindre 50%, selon le score obtenu. « 

L’assurance omnium est particulièrement utile, surtout quand le véhicule a été acheté à crédit.

Derniers conseils pour la route ?

La meilleure chose à faire pour des parents ? Déclarer le jeune comme conducteur dans leur contrat d’assurance. Et ce, dès qu’il a obtenu son permis de conduire. Certes, cela occasionnera une légère surprime au début, mais la déclaration permettra ensuite au jeune de faire valoir des années de conduite lorsqu’il devra s’assurer lui-même. Ces années de conduite seront prises en compte et permettront de réduire drastiquement la prime.

Dans tous les cas, dès qu’un jeune conduit un véhicule, même occasionnellement, les parents doivent le déclarer à leur assureur. Cela évitera toute contestation en cas de sinistre. Le jeu en vaut la chandelle, car lors d’un sinistre, vu le prix des véhicules et des réparations, l’assuré récupère souvent le montant de toutes les primes qu’il a déjà payées ou payera.

2 – Combien de temps garder une omnium ?

L’assurance omnium n’est pas obligatoire, mais elle serait indispensable pour les véhicules à crédit de moins de deux ans. C’est ce que les assureurs conseillent.

Tout véhicule automoteur se trouvant sur la voie publique doit obligatoirement être assuré en responsabilité civile (RC) pour couvrir les éventuels dommages causés aux autres. L’omnium, par contre, n’est pas obligatoire. Mais elle est particulièrement utile, spécialement quand le véhicule est acheté à crédit. C’est la majorité des cas. Imaginez un conducteur qui a souscrit un crédit pour son auto... Il sort de la route et détruit son nouveau véhicule après une semaine seulement. Sans omnium, il devra continuer à payer son crédit et devra en souscrire un autre pour une autre voiture. Souvent impayable. Voilà pourquoi une omnium se garde généralement entre deux et quatre ans.

Le hic, c’est que la prime de l’assurance full-omnium reste inchangée sur toute la durée du contrat. Mais en cas de sinistre, l’intervention de l’assureur est chaque année plus faible. L’assureur comptera, par exemple, une perte de 6% par année. La valeur agréée sera déterminée par la valeur catalogue du véhicule et son taux de vétusté (âge et parfois kilométrage).

Bien couvert en payant le moins possible !
© Getty Images/iStockphoto

Une omnium dégressive ?

La solution ? Plus votre véhicule prend de l’âge et moins la prime devrait être élevée. C’est le principe de l’omnium dégressive. Très très peu d’assureurs la pratiquent.  » Les clients se demandaient donc pourquoi leur prime restait inchangée alors que la valeur de leur véhicule diminuait, détaille David Destappes, manager marketing stratégique chez P&V et Vivium. Ils voulaient garder l’omnium plus longtemps pour leur sérénité. Mais pour des raisons de coût, ils devaient la résilier après deux ans en moyenne. Les clients suppriment souvent leur full omnium après deux années et après quatre ans au plus tard. Ils transfèrent leur contrat vers une mini-omnium ou simplement vers la responsabilité civile obligatoire. Mais ils ne sont plus couverts en dégâts matériels pour leur véhicule. La mini-omnium ne couvre que le vol, l’incendie, le bris de vitre, les dommages causés par les intempéries et les dégâts occasionnés par une collision avec des animaux en liberté. Avec l’omnium dégressive, la prime diminue, pas les couvertures. »

Un exemple de tarif

Prenons un conducteur de 53 ans habitant en ville et roulant avec un BMW 320 D d’une valeur catalogue de 32.000€ achetée il y a trois ans. Avec une omnium dégressive, pour ce véhicule de trois ans, la prime annuelle serait de 1.224€, en ce compris la protection du conducteur forfaitaire de 29€. Notons que cette prime est le tarif maximum. Un courtier pourra toujours réduire (ou pas) sa commission. La prime comprend la RC, l’omnium dégressive, la protection du conducteur et véhicule de remplacement en cas d’accident. La franchise est de 300€.

Que penser de l’assurance au kilomètre ?

Un conducteur qui roule peu a forcément moins de risques d’être impliqué dans un accident de la route. Certaines compagnies proposent donc des solutions spécifiques pour les clients qui font peu de kilomètres. Corona Direct, par exemple, en a fait sa spécialité. Selon Test Achats, les conducteurs qui parcourent moins de 15.000 km par an tirent généralement avantage d’une telle assurance. Au-delà, c’est plus coûteux.

Imaginez que vous ayez souscrit une assurance au kilomètre et que vous dépassez le kilométrage convenu (par ex. 10.000 km). Que faire ? Il ne faut pas attendre le dernier moment. Si vous trouvez l’augmentation trop onéreuse, vous pouvez toujours contacter votre assureur et opter pour une formule plus avantageuse sans tarder.

3 – Rompre un contrat après un sinistre

Des assurés qui sont font jeter de leur compagnie après un ou plus généralement plusieurs sinistres, c’est connu. Mais des assurés qui virent leur assureur après un sinistre, alors qu’ils sont en tort, voilà qui l’est moins ! La loi stipule que la durée du contrat d’assurance, sauf exception, ne peut dépasser une année. Il est ensuite prolongé tacitement d’année en année. La loi prévoit pourtant plusieurs situations lors desquelles une résiliation peut être invoquée avant l’échéance. Par exemple, si l’assuré a revendu son véhicule particulier, car il a reçu une voiture de société. Logique, il y a disparition du risque. L’assuré peut aussi revenir sur sa décision et résilier un contrat durant une période de 14 jours calendrier après la date de signature, sauf si un sinistre est survenu durant ces 14 jours.

La loi stipule que la durée d’un contrat d’assurance, sauf exception, ne peut pas dépasser une année.

Autre situation : l’assureur augmente ses tarifs (sauf augmentation sur la base d’une indexation) ou change ses conditions générales. Alors, l’assuré a le droit de quitter la compagnie avant la date anniversaire du contrat. Il doit cependant réagir un mois au plus tard après avoir reçu le courrier de la compagnie. Enfin, chaque preneur d’assurance peut aussi changer de  » crèmerie  » après un sinistre ou un accident. Qu’il soit en tort ou non. Le législateur part du principe que l’assuré a le droit de ne pas être satisfait du suivi de son assureur. La procédure à appliquer ? Le client doit réagir un mois au plus tard après le payement ou le refus de payement de l’indemnité.

Et comment résilier un contrat en dehors de ces exceptions ? Que ce soit en matière d’assurance auto, de familiale ou d’incendie,  » si vous souhaitez résilier un contrat d’assurance, précise le SPF Économie, vous devez indiquer au moins trois mois avant l’échéance annuelle du contrat que vous vous opposez au prolongement tacite du contrat. Attention, il convient de le faire dans une des formes suivantes : par lettre recommandée à la poste, par exploit d’huissier ou par remise de la lettre de résiliation contre récépissé. Étant donné que le recommandé électronique a la même valeur que la lettre recommandée papier, le recommandé électronique est également valable. Le contrat est alors résilié à l’échéance. Cependant, l’assureur est toujours tenu de couvrir les sinistres qui se produisent entre l’envoi, la signification ou la remise de la résiliation et l’échéance annuelle du contrat. « 

Et que doit contenir cette lettre de résiliation ? Elle doit reprendre les références de l’assuré, son numéro de police d’assurance ainsi que la date anniversaire d’échéance du contrat. Si l’assuré a déjà choisi une autre compagnie, son nouvel assureur peut se charger de cette démarche.

Contenu partenaire