© GETTYIMAGES

Comment faire des crédits intelligents

Que ce soit pour effectuer des travaux ou acheter une voiture, demander un crédit est tout un art. Comment éviter certains pièges. Et comment bénéficier d’avantages fiscaux.

Comment bien s’endetter ? Bon, par s’endetter, il ne faut pas comprendre comment ne plus pouvoir payer ses dettes. Loin de là ! Mais plutôt comment faire des crédits et investir de manière intelligente. Et donc de gagner de l’argent. Ou plutôt d’éviter d’en dépenser bêtement. Alors, vaut-il mieux payer en cash ou souscrire un crédit ? Et qu’en est-il des crédits à 0 % ? Et puis, que faire de son argent quand son prêt hypothécaire est payé ? Existe-t-il aussi un âge maximum pour emprunter ? À toutes ces questions, et à d’autres, vous trouverez ici des réponses.

DES CENTAINES D’EUROS À GAGNER OU... À PERDRE !

Mieux vaut emprunter pour une voiture que pour des meubles. Dans la vie, il faut choisir ses combats. Il en va de même pour ses crédits. Imaginons : vous pouvez libérer 15.000 ? de votre épargne. Vous désirez acheter une nouvelle voiture pour 15.000 ? et, en même temps, refaire l’intérieur de votre habitation pour une somme équivalente. Bref, vous allez devoir, d’une manière ou d’une autre, faire un crédit de 15.000 ?. L’erreur fatale serait de demander à votre banque un crédit pour vos nouveaux meubles et tentures. Explications.

Chaque crédit possède un taux spécifique selon son but. Les crédits les moins coûteux sont destinés à l’achat d’un véhicule. Ils varient entre 0,9 % (lors du salon de l’auto) et quasiment 2 % pour un véhicule neuf. Imaginons que vous optiez pour une petite voiture peu polluante (émission de CO2 inférieure à 145g/km diesel, 160g/km essence, hybride ou LPG)... Le taux annuel proposé chez BNP Paribas Fortis sera de 1,30 %. Donc, celui qui emprunte 15.000 ? pour un véhicule de ce type déboursera au final, après 60 mois, la somme de 15.497,40 ?. Par contre, s’il demande un crédit dont l’objet est  » divers  » (pour renouveler son intérieur), le taux est de 8,9 % et il déboursera alors la somme de 17.877 ? après 60 mois. Plus de 2.000 ?, la différence est colossale.

PH ou prêt à tempérament ?

Autre exemple. Vous désirez effectuer quelques travaux dans votre maison. Devez-vous les financer par un prêt hypothécaire (PH) ? Pas nécessairement. En souscrivant un PH, l’emprunteur est soumis à des frais de dossier d’environ 500 ? sans pouvoir bénéficier d’une déduction d’impôt depuis les modifications fiscales de 2016. Tout dépendra donc de la durée de l’emprunt, de son montant et du type de travaux. Un prêt à tempérament pourra être plus avantageux dans plusieurs cas. Car les taux varient de 1,95 % pour un crédit  » énergie  » pour l’habitation à plus de 4 % pour des travaux  » classiques « . Le bon tuyau est donc de contacter son banquier afin qu’il simule les différentes formules de crédit. Il devra les comparer avec les taux hypothécaires en vigueur dans son institution et les frais de dossier. Chacun son métier ! Il est parfois plus judicieux d’avoir un conseil que de faire son marché soi même.

Cash ou à crédit

Le paiement comptant reste évidemment la manière la moins onéreuse d’acquérir un bien comme une voiture neuve. C’est bien plus rentable que de laisser son argent sur un compte d’épargne qui rapporte un misérable 0,11 %. Mais dépenser son cash n’est pas toujours une bonne idée. Quand on dépense tout son bas de laine pour l’achat d’un bien, on prend des risques. Imaginons quelqu’un qui paye cash une voiture à 40.000 ? et qui vide son épargne, ce n’est pas très malin. Par contre, s’il a 100.000 ? de côté, ce n’est pas une mauvaise démarche. En clair : il faut toujours garder des liquidités en cas de coup dur, d’accident de la vie. Un crédit permettra de garder son capital au chaud. Il y a aussi la possibilité de placer ses liquidités à un taux supérieur au crédit contracté... tout est histoire de calculs.

En Suisse, les prêts hypothécaires peuvent courir sur 99 ans !
En Suisse, les prêts hypothécaires peuvent courir sur 99 ans !© GETTY IMAGES

UN CRÉDIT À 0 % QUI COÛTE CHER

 » Je compte acheter une voiture et un concessionnaire me propose un crédit à 0 %. C’est trop beau pour être vrai, non ? « , s’interroge Myriam. Effectivement, ne vous fiez pas aux apparences même quand on croit avoir affaire à un financement  » gratuit  » (un terme interdit par la loi). N’oubliez jamais  » qu’emprunter de l’argent coûte aussi de l’argent.  » Et ici, ce sont les coûts cachés qui font déraper la belle proposition. Décryptage.

Un prêt auto à 0 %, de quoi s’agit-il ? D’un prêt à tempérament. Le consommateur ne paye que le capital à rembourser et non les intérêts. C’est a priori intéressant. Mais en grattant un peu, cette pratique commerciale comporte des inconvénients. Comme rien n’est gratuit, le concessionnaire automobile qui accorde une réduction de taux va devoir se rattraper ailleurs. Où ? Dans les remises accordées et le prix de reprise de votre ancienne voiture. Il faudra  » allonger  » du cash aussi en s’acquittant d’un acompte de minimum 15 %. Et puis, avec un crédit à 0 %, puisque le concessionnaire prend le coût des intérêts en charge (son geste commercial), il va probablement limiter la durée sur laquelle le crédit pourra être contracté. Il ne va pas proposer (ou quasiment pas) de remises sur le véhicule neuf.

Un exemple concret ? Chez ING, on détaille ceci :  » prenez une voiture neuve de 15.000?. Un prêt auto à 1,75 % sur 36 mois représente un coût total du crédit de 404,76 ?. Si vous optez pour le prêt à 0 % proposé par le concessionnaire, votre gain sera donc de 404,76 ?. Vous n’aurez probablement pas d’autres remises sur le véhicule. Les remises que le concessionnaire peut vous accorder varient en général entre 3 % et 19 % du prix d’achat. Sur 15.000 ?, cela représente au minimum 450 ? (3 %) et au maximum 2.850 ? (19 %). Les remises vous feront donc dans tous les cas économiser plus que si vous optez pour le prêt à 0 %. « 

Morale de l’histoire ? Mieux vaut négocier l’achat de son véhicule avec des remises et faire un prêt auprès d’une banque. Un taux à 0 % coûte paradoxalement plus cher. Il n’y a décidément rien de gratuit en matière de financement. Et en particulier dans le monde de l’automobile.

57.375 ?

C’est l’endettement moyen d’un ménage belge au premier semestre 2018. Son revenu disponible brut est d’environ de 52.500 ?. La dette représente donc 110 % du revenu brut d’un ménage moyen. Les crédits hypothécaires comptent pour 80 % des dettes. [source ING]

Et l’électro à 0 % ?

Un surgélateur à crédit à un taux de 0 % ? C’est alléchant, non ? Pourquoi pas ne pas céder aux sirènes du crédit à 0 % pour son électroménager ? Car, parfois, le diable se loge dans des détails (qui n’en sont pas pour les organismes de crédit). Tout prêt, même à 0 %, implique l’ouverture d’une ligne de crédit. Cette ligne sera inscrite dans les registres de la Centrale des crédits aux particuliers de la Banque nationale.

L’objectif de ce registre est de lutter contre le surendettement. Il consigne donc tous les crédits conclus dans un but privé, aussi ceux à 0 %. L’enregistrement d’un surgélateur à crédit peut vous faire passer un seuil, peut diminuer votre capacité d’emprunt et affecter vos futurs emprunts. Ce surgélateur pourrait vous empêcher d’accéder au crédit d’une voiture pour aller travailler. À méditer.

PRÊT HYPOTHÉCAIRE REMBOURSÉ ? COMMENT GARDER L’AVANTAGE FISCAL ?

Celui qui a remboursé son prêt hypothécaire et qui désire encore bénéficier d’avantages fiscaux peut investir dans une épargne pour le long terme. Explications.

Chaque contribuable possède une  » corbeille fiscale  » pour son épargne à long terme. Cette dernière comprend certains avantages, dont une déduction fiscale allant jusqu’à 30 %. Ce montant déductible des impôts est plafonné à 2.310 ?. Il est très vite atteint quand on rembourse un prêt hypothécaire (PH) et les primes d’une assurance solde restant dû. De fait, les intérêts et les remboursements de capital d’un PH suffisent généralement à atteindre ce montant déductible plafonné. Mais alors, quand le crédit de son habitation est remboursé, cet avantage fiscal particulièrement intéressant tombe-t-il à l’eau ? Oui, sauf...

Alternative au bonus logement

Sauf que cela libère de l’espace fiscal. Car des avantages fiscaux sont aussi procurés par une épargne à long terme, un produit de la branche 21. Vous pouvez également y investir jusqu’à 2.310 ? en fonction de vos revenus professionnels nets. Donc, pour être clair, quand un PH est remboursé, et pour encore bénéficier de belles  » ristournes  » sur impôts, une des options se nomme épargne à long terme. Très clairement avec ses 30 % de réduction d’impôt, chaque fois que vous versez 100 ? sur votre épargne à long terme, vous payez 30 ? d’impôts en moins. Un investissement malin, non ? Bémol : avec une épargne long terme, l’argent est placé pour une période de minimum 10 ans. Mais il donnera une poire pour la soif à l’âge de la pension. Il permet surtout de réduire ses impôts aujourd’hui. Pour le reste, un contrat d’épargne à long terme doit débuter avant votre 65e anniversaire.

Inconvénient : l’argent est bloqué pour une durée de minimum 10 ans. Cette épargne est taxée. Mais elle procure un rendement annuel (par exemple un taux technique garanti de 0.75 % + une éventuelle participation bénéficiaire). Conclusion ? Le point fort de l’épargne à long terme reste son avantage fiscal.

Des prêts jusqu’à 70 ans !

Existe-t-il un âge limite pour emprunter ? » Oui, il y a un âge maximum, répond Lisa Pieters, porte-parole d’Axa banque. Pour notre institution, le client ne doit pas avoir plus de 75 ans au terme du crédit. Et ce, que ce soit un crédit hypothécaire ou un prêt à tempérament. Précisons que l’âge maximum que le client peut avoir à l’échéance de son contrat de crédit a été porté de 70 à 75 ans en 2012. Quant à la durée minimale d’un crédit, elle est de 5 ans. Les clients peuvent donc souscrire un nouveau crédit au logement jusqu’à leur 70e anniversaire ! «  Et la pension est-elle une source de revenus comme une autre dans l’octroi d’un prêt ? La réponse est encore oui.  » La pension est considérée comme un revenu régulier dans l’octroi d’un prêt « , conclut Lisa Pieters.

Crédit contre chalet suisse

Une autre piste pour bien s’endetter intelligemment, c’est d’envisager un placement dans la brique et en particulier dans les secondes résidences. Nous ne pouvons à ce sujet que vous conseiller la lecture de notre dossier  » secondes résidences  » dans ce même numéro. Le journal La Libre avait aussi publié un article qui expliquait comment s’offrir un chalet au pays des Helvètes pour 800 francs suisses (705 ?) par mois. La recette miracle ? Une législation qui permet de diminuer fortement l’emprunt en acceptant des durées de 99 ans. Mais aussi une formule qui ressemble à du crédit à terme fixe. Il permet à l’investisseur averti de ne payer mensuellement que les intérêts du crédit et de ne rembourser le capital emprunté qu’au terme du contrat. Un courtier expliquait que cette option est crédible quand on table sur une arrivée d’argent dans les 10 ou 15 ans. Elle peut prendre la forme d’une assurance groupe, d’une assurance chef d’entreprise, d’une donation ou, plus cyniquement, d’un héritage !

Contenu partenaire