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Votre banque dans votre smartphone en toute sécurité

Moins d’agences bancaires, plus de solutions électroniques et mobiles. La banque de papa n’est plus. Il est même possible de recevoir des conseils pour investir à... minuit.

 » Pensez qu’avec sa capitalisation boursière de 748 milliards de dollars, Amazon pèse déjà plus que JP Morgan et Bank of America, les deux plus grosses banques américaines réunies ! « , constate Amid Faljaoui, directeur du magazine économique Trends Tendances. En 2022, dans seulement quatre ans, 45 % des revenus bancaires seront générés numériquement. C’est une étude d’Accenture qui l’affirme. Aujourd’hui,  » seulement  » 15 % des revenus bancaires sont engendrés par la filière numérique. Une révolution est en route sous nos yeux.

7 Belges 10 veulent garder le contrôle total de leurs données

Une Facebank ?

Les Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon) sont entrés dans la danse. Les produits bancaires à destination du grand public se conçoivent plus que jamais dans un environnement digitalisé des plus concurrentiels. Les concurrents les plus menaçants des banquiers traditionnels sont les géants du e-commerce et de l’informatique. Apple a déjà lancé, exemple parmi d’autres, son Apple Pay, une plateforme de paiement par smartphone. Et avec leurs moyens quasi-illimités, les Gafa sont la menace la plus sérieuse pour les banques classiques. D’autant qu’une directive européenne au doux nom de PSD2 (payment services directive) leur donne des ailes depuis janvier 2018.

Cette directive autorise des tiers à se faire payer des factures au départ de votre compte bancaire. Par tiers, il faut entendre d’autres banques que la vôtre, mais aussi des sociétés comme Facebook, Google, Apple, des opérateurs télécom, etc. Le titulaire du compte doit, bien entendu, donner son accord pour céder ses données. L’objectif de l’Europe est de libéraliser le secteur des paiements, de réduire les coûts pour le consommateur, de rendre les paiements électroniques plus sûrs. Les banques doivent donc fournir une plate-forme sécurisée qui sera utilisée par tous les tiers. Il devrait être possible de commander des marchandises sur internet sans frais supplémentaires, de payer une pizza ou une course de taxi.

Votre banque dans votre smartphone en toute sécurité
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Nos données sont-elle protégées ?

Les clients des banques vont-ils abandonner leur institution historique pour céder aux sirènes du digital à tout va ? Pas sûr. Dans les colonnes de L’Echo, Baudouin Thomas, directeur chez Accenture, expliquait que, si 30 % des clients sont tentés par les Gafa, l’essentiel des troupes devrait rester auprès de leur banquier favori,  » car il y a aussi la notion de confiance qui joue énormément en Belgique et les consommateurs ont confiance dans leur institution financière. « 

Cet avis a été confirmé par une enquête récente de la banque KBC. Elle affirmait que,  » plus de 8 Belges sur 10 (82%) ne confieraient jamais leurs données financières aux sociétés de médias sociaux, 62 % aux sociétés internet, 46 % aux entreprises e-commerce, 36 % aux entreprises FinTech (c’est-à-dire des entreprises qui sont actives dans la finance électronique), 33 % aux sociétés et 11 % à une autre banque. «  Enfin, 7 Belges sur 10 veulent garder le contrôle total de leurs données. Ils estiment très important que leur banque les informe des conséquences du partage de leurs données financières avec des tiers.

Certes les conso-acteurs des banques belges font preuve de fidélité, mais ils sont également demandeurs de solutions digitales. Conséquences ?  » Les banques traditionnelles doivent se comporter plus comme les Gafa et proposer des solutions innovantes et intuitives, des nouveaux produits et des nouveaux types de services aux consommateurs « , conclut Baudouin Thomas.

Moins d’agences, plus de digital

Plus de 260 milliards d’euros dorment sur les comptes d’épargne en Belgique. Laisser son argent sur un compte d’épargne ne rapporte plus rien vu les taux planchers. Alors, pourquoi une telle inertie de la part des clients ? Selon la banque Belfius, qui investit près de 100 millions d’euros chaque année dans la digitali-sation,  » de nombreux Belges aimeraient pouvoir bénéficier d’un rendement potentiellement supérieur pour leur épargne. Mais, faute de temps pour se rendre en agence, ils se résignent encore trop souvent à laisser leur épargne dormir sur leurs comptes plutôt que d’envisager d’autres produits de placement susceptibles de rencontrer davantage leurs besoins et leurs attentes. Selon plusieurs enquêtes auprès des clients, l’une des principales raisons de ce paradoxe est l’absence d’un conseil personnalisé, disponible à tout moment via le canal de leur choix : smartphone, tablette, PC, téléphone, chat, vidéo chat ou agence. «  La banque a donc lancé un conseil en investissements nommé  » digital-omnichan-nel « . Il est disponible 7 jours sur 7, 24h/24, notamment via smartphone. Quatre comptes d’épargne pension sur 10 chez Belfius sont déjà ouverts via un canal digital. Ce système répond même aux obligations légales. Il permet à l’utilisateur d’encoder son profil d’investisseur de façon précise, c’est-à-dire de répondre à des questions sur sa situation financière, sa stratégie d’investissement et son expérience des produits financiers.

Les systèmes sans contact vont révolutionner notre manière de payer

200 agences fermées

Alors, tout est-il rose dans le monde merveilleux de la banque digitale ? Ça, ce n’est pas certain. Cela fait plusieurs années que les clients assistent à la disparition des agences de quartier. Là où dans un petit centre urbain, il y avait quatre ou cinq agences bancaires, il n’en demeure qu’une ou deux. Les fusions et fermetures d’agences se font à un train d’enfer. ING, BNP Paribas Fortis, Belfius et KBC ont supprimé plus de 200 agences rien que l’an passé. La proximité en souffre. Le métier de banquier est aussi en pleine mutation. Il faut craindre de nombreuses pertes d’emplois dans le secteur. Ou du moins constater que le métier ne sera plus le même. Marc Raisière, le grand patron de Belfius, avait en son temps estimé que la digitalisation et le data n’allait pas laminer l’emploi, mais plutôt en  » créer, car ça veut dire plus d’informaticiens et plus de soutien aux FinTech. « 

Le smartphone, un prolongement du portefeuille

 » Le payement sans contact via smartphone va drastiquement changer notre manière de payer. Il est désormais possible de payer avec son smartphone dans de nombreux grands et petits commerces « , analyse Daniel Braeck-man, directeur chez Worldline. Selon l’Observatoire Bancontact, la manière dont nous payons arrive à un point de basculement. Deux Belges sur trois ont encore rarement des espèces en poche. Et 29 % pensent même que l’argent liquide aura disparu dans dix ans !

Le  » home banking  » est en retrait. C’est désormais le  » mobile banking  » qui a le vent en poupe. Les Belges sont devenus des mobi-nautes. Ils délaissent progressivement la banque  » à la maison « , depuis un ordinateur familial, pour une banque mobile, celle qui tient dans un sac à main ou dans une poche grâce au GSM. Un client sur deux dit déjà avoir opté pour le mobile banking. L’augmentation est spectaculaire en seulement une poignée d’années. Et toutes les générations sont concernées. Chez ING, rien que les quinquagénaires représentent déjà près de 15 % des utilisateurs de  » smartbanking « .

Votre banque dans votre smartphone en toute sécurité
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Paiement sans contact, comment ça fonctionne ?

Le montant à régler s’affiche sur le terminal du commerçant. Le client vérifie la somme et active son téléphone sur lequel une application a été chargée. Il tient son smartphone un bref instant à proximité immédiate du terminal de paiement. Les montants seront inférieurs à 20 ? ou 25 ?. Le consommateur ne doit plus introduire son code PIN. Ce qui rend le paiement plus rapide. Quand c’est payé, un message de confirmation apparaît sur le terminal du commerce.

D’un point de vue purement technique, il n’est pas nécessaire de disposer d’une connexion WiFi ou mobile comme la 4G. Votre GSM doit être doté de la technologie NFC (Near Field Communication). Elle permet le transfert sans fil de petites quantités de données dans un rayon de quelques centimètres. La NFC est déjà employée pour les badges pour accéder à certains bâtiments, pour les cartes  » chèques repas « , pour les cartes bancaires permettant le sans-contact...

Enfin, le payement sans contact par smart-phone ne concerne pas encore les téléphones Apple en Belgique. La marque à la pomme a développé un système exclusif (déjà d’application dans plusieurs pays). Il se chuchote néanmoins que l’arrivée de l’Apple Pay est imminente dans nos contrées.

Et la sécurité ?

 » Si vous vous promenez dans la rue, avec votre smartphone dans votre poche ou votre sac, pourquoi ne serait-il pas possible à un hacker bien équipé d’intercepter vos données et de vous soutirer de l’argent en passant près de vous « , s’inquiète Philippe, 61 ans, qui hésite encore à se lancer dans l’aventure du sans-contact. Si la carte bancaire à puce bancaire est née en 1974, elle fait encore l’objet de tentatives de piratage. Pourquoi en irait-il autrement, aujourd’hui, avec les payements sans contact par smart-phone ? Test Achats avait prouvé qu’un voleur équipé d’un terminal portable pouvait effectuer des payements à son profit, en touchant votre sac ou votre poche. Il lui suffisait d’amener le terminal à trois ou quatre centimètres du smartphone pour débiter le compte. Chez Worldline, on estime que le risque d’une telle fraude est très faible. Pourquoi ? Car la force de Bancontact, c’est que le nom du commerçant (donc le possesseur d’un terminal portable) est connu. Retrouver un fraudeur est donc simplissime. Le voleur doit en outre être présent physiquement. Ce qui n’est pas le cas pour les fraudes sur internet.

Enfin, la limite d’un achat sans contact et sans code PIN est de maximum 25 ?. Les montants plus élevés doivent toujours être confirmés avec un code. Et lorsque le client a effectué plusieurs transactions consécutives pour un montant de 50 ?, il doit réintroduire son code PIN pour de nouveau payer sans contact. Et que faire si vous perdez votre smartphone? Appelez sans tarder le helpdesk de votre banque afin de faire bloquer vos applications. Appelez aussi votre opérateur mobile pour bloquer votre carte SIM.

Ce que la loi prévoit en cas de fraude

Si le titulaire de la carte ou du téléphone n’a commis ni action frauduleuse ni négligence grave, il ne supportera aucune opération après avoir notifié la perte ou le vol.

Les transactions frauduleuses entre le vol ou la perte et son signalement ne sont à charge du consommateur qu’avec un maximum de 150 ?. C’est donc la banque qui assumera la responsabilité de transactions non autorisées, mais avec une franchise de maximum 150 ? à charge du client.

Si les données de la carte ont été utilisées sans que sa présentation physique soit nécessaire (une fraude sur internet par exemple) ou si c’est une carte falsifiée, le consommateur sera entièrement remboursé.

Un antivirus pour mon smartphone ?

Si les ordinateurs au travail ou à la maison sont protégés par des antivirus, ce n’est pas encore un réflexe de sécuriser son téléphone. La menace de piratage d’un GSM est certes plus faible que celle d’un ordinateur, mais elle existe. En particulier à cause des connexions WiFi et Bluetooth. Un GSM regorge en outre d’informations personnelles. Les smartphones stockent bien plus de données sur notre vie que n’importe quel autre appareil : photos privées, emails, identifiants, mots de passe et... données bancaires ! Un pirate informatique pourra toujours tenter de s’en accaparer. Il n’est donc pas sot de télécharger un antivirus connu et même reconnu comme Avast, Kaspersky, Lookout, etc.

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