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3 problèmes masculins et leurs traitements

Les hommes qui présentent un déficit en testostérone, un problème d’érection, etc. tardent souvent à consulter. Et c’est dommage parce que des solutions existent !

Si de nombreux hommes rechignent à consulter, c’est aussi pour des raisons pratiques. À qui faut-il s’adresser ? À un urologue, un sexologue, un endocrinologue, un andrologue... ? Les choses évoluent lentement mais sûrement avec la création des premières cliniques pour hommes et centres d’andrologie où collaborent différents spécialistes.  » Leur démarche est ainsi facilitée. Finis les tabous liés aux problèmes sexuels, se réjouit l’endocrinologue Dr. Guy T’Sjoen qui dirige la clinique masculine de l’UZ Gent. Chez les femmes, la mentalité a beaucoup évolué ces dernières années, grâce notamment aux nombreuses personnalités qui témoignent ouvertement de leur ménopause. Du côté des hommes aussi, les choses changent depuis que certaines célébrités s’expriment sur leurs troubles érectiles et leurs problèmes de fertilité. Ceci dit, il y a encore du pain sur la planche vu le nombre de malentendus qui persistent. « 

Dans 70% des cas, les tumeurs de la prostate à un âge avancé ne sont pas agressives.

1. Le déficit en testostérone

 » L’andropause, l’équivalent masculin de la ménopause, n’existe pas, rectifie le Dr. Guy T’Sjoen pour dissiper un premier malentendu. Ce terme, apparu il y a quelques années, fait référence à un pseudo-phénomène qui impliquerait que, chez les hommes d’un certain âge, la production de testostérone, la fertilité et l’activité sexuelle diminuent drastiquement du jour au lendemain. Mais chez eux, la production de testostérone ne cesse pas d’un coup comme c’est le cas chez les femmes avec les oestrogènes. La production de testostérone diminue progressivement à partir de 30 ans, de 0,4 à 1,5 % par an. Une fois passé le cap des 60 ans, la baisse est plus marquée mais la plupart des hommes ne s’en rendent même pas compte parce que la diminution est lente et les réserves disponibles suffisantes. Il s’agit donc d’un processus physiologique naturel.  » Ceci dit, certains hommes sont confrontés à un véritable déficit en testostérone pour différentes raisons : cancer des testicules, dérèglement de l’hypophyse, maladie de Klinefelter, tumeur de l’hypophyse avec surproduction de prolactine, obésité...  » 20 % des hommes de plus de 65 ans sont en-deçà des valeurs normales de testostérone mais la plupart ne se plaignent pas de dysfonctions. À peine 1 ou 2 % d’entre eux reconnaissent souffrir de quelques désagréments tels que libido en berne, diminution de la masse musculaire, sauts d’humeur mais aussi de symptômes plus vagues comme la fatigue ou l’humeur dépressive. Nous voyons parfois arriver des hommes à qui on a diagnostiqué de l’ostéoporose. « 

Quel traitement ?

 » Un traitement n’est indiqué qu’en cas de réel désagrément « , insiste le Dr. T’Sjoen. Il sera différent en fonction de la cause du déficit en testostérone. Dans un premier, on mesure le taux de testostérone grâce à une prise de sang ciblée, effectuée le matin, lorsque la testostérone est à son niveau le plus élevé. Plusieurs prises de sang s’avèrent nécessaire pour obtenir un résultat précis. Si le déficit est avéré, il convient d’en déterminer la cause exacte.

 » L’obésité est la cause la plus fréquente. Les tissus adipeux contiennent une enzyme, l’aromatase, qui convertit la testostérone en oestrogènes (hormones féminines). Plus le surpoids est important, plus le patient perd de testostérone mais le phénomène est réversible. Pas besoin de suppléments en testostérone. La simple amélioration de l’hygiène de vie et l’amaigrissement de 10 % suffisent généralement à normaliser le taux de testostérone et à faire disparaître les dysfonctions. «  Nombre de somnifères et d’antidouleurs (morphine) influencent l’hypophyse qui commande la production de testostérone dans le cerveau.  » Dans ce cas, une traitement alternatif est proposé. « 

Si l’approche différenciée ne donne pas les résultats escomptés, des suppléments de testostérone sont prescrits.  » Soit par injections (bimensuelles et remboursées ou trimestrielles mais non remboursées), soit sous forme de gel à appliquer tous les matins sur la partie supérieure des bras ou encore de comprimés (effet plus faible). La supplémentation se fait toujours sous surveillance médicale rapprochée car la testostérone est une substance puissante nécessitant un dosage précis. Les dysfonctions observées disparaissent chez la plupart des hommes. Nous impliquons toujours le ou la partenaire car le traitement a pour effet d’accroître le désir sexuel. Une trop grande différence de besoin de contact intime peut évidemment avoir des répercussions sur la relation. « 

3 problèmes masculins et leurs traitements
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2. Les troubles érectiles

Quelque 10 % des hommes se plaignent de troubles érectiles mais moins de la moitié d’entre eux va consulter.  » Ces troubles ne doivent pas être pris à la légère car ce sont la plupart du temps les signes avant-coureurs de problèmes cardiovasculaires. On a souvent constaté qu’une dysfonction érectile précédait un infarctus de trois ans. Il s’agit généralement d’athérosclerose, autrement dit la perte d’élasticité des artères due à la sclérose, qui commence par se manifester au niveau des petits vaisseaux sanguins du pénis.

Les médicaments comme les bêtabloquants peuvent jouer un rôle. Les troubles érectiles sont parfois révélateurs d’un diabète de type 2, une maladie qui se traduit par des dysfonctionnements vasculaires et neurologiques du pénis. Ici aussi, un dosage du taux de testostérone s’impose. Les érections matinales constituent une première indication. Si elles sont encore fréquents, la cause est probablement non pas organique mais psychologique ou relationnelle. »

Quel traitement ?

Si un diabète est diagnostiqué, il ne suffit pas de traiter le diabète pour rétablir les érections.  » L’effet sur les nerfs du pénis est permanent mais ces troubles se traitent efficacement grâce à des inhibiteurs de la PDE5 (Viagra, Cialis, etc.) chez 60 à 70 % des hommes. Ces médicaments sont efficaces également pour un grand nombre de malades cardiaques sous traitement. La dose initiale est plus élevée qu’avant pour accroître les chances de bon résultat et redonner confiance au patient. Quitte à revoir le dosage à la baisse par la suite. Rappelons que ce ne sont pas des aphrodisiaques. Si l’homme n’éprouve pas de désir, il n’aura pas d’érection. « 

Une perte de poids de 10% permet généralement de stabiliser le taux de testostérone.

Le succès de ces médicaments ont un peu éclipsé le traitement sexologique des problèmes d’érection.  » Alors qu’il mérite toute notre attention. Les hommes ou les couples peuvent s’adresser au sexologue pour des conseils avertis, comme une initiation aux caresses ou à différentes techniques visant à retrouver le plaisir, avec ou sans pénétration. « 

3. Les problèmes de prostate

L’hypertrophie ou adénome de la prostate. Les troubles urinaires comme la difficulté à commencer à uriner et à vider la vessie, la diminution de la force du jet, les envies fréquentes d’uriner et les douleurs lors de la miction sont autant de symptômes d’un grossissement de la prostate.  » Ces troubles peuvent être facilement traités par des médicaments qui aident à détendre les muscles situés autour de la prostate et de l’urètre. Ils ont pour effet de les dilater, ce qui facilite la miction. Ce traitement doit être suivi à vie et a pour inconvénient de provoquer des éjaculations rétrogrades. Autrement dit, le sperme est expulsé dans la vessie et non dans le pénis. Ce n’est pas grave, mais mieux vaut le savoir. « 

Un autre traitement consiste à réduire la taille de la prostate grâce au finastéride, autrefois administré pour lutter contre la calvitie.  » Ce type de thérapie hormonale permet à terme de réduire les troubles mais occasionne aussi dans certains cas des troubles érectiles. En cas d’échec du traitement médical, l’ablation chirurgicale partielle de la prostate peut être envisagée.  » Les problèmes de miction peuvent aussi être dus à des pathologies nerveuses ou vésicales. Les symptômes tels que la nécessité de se lever plusieurs fois la nuit pour uriner ou les besoins urgents pointent plutôt en ce sens.

Le cancer de la prostate. Le cancer de la prostate est la tumeur la plus fréquente chez les hommes de plus de 45 ans.  » Il n’est désormais plus question de screening systématique, insiste le Dr. T’Sjoen. Le screening n’est indiqué que pour les hommes dont le grand-père, le père, le frère ou d’autres membres de la famille ont contracté cette forme de cancer, ou qui se plaignent de problèmes de miction. Pour tous les autres, le screening implique une batterie d’examens et de traitements plus contraignants que vraiment bénéfiques. Dans environ 70 % des cancers de la prostate à un âge avancé, il s’agit de tumeurs non agressives qui évoluent peu et qu’il suffit de surveiller. « 

La testostérone, un anti-âge ?

 » Aux États-Unis, les suppléments en testostérone sont très prisés pour leurs supposés effets anti-âge. Or, la testostérone ne fait pas rajeunir, au contraire : ceux qui affichent des valeurs hormonales un peu plus faibles ont une plus grande espérance de vie. Les hommes qui prennent des suppléments sans véritable déficit en testostérone risquent en outre de stopper la production de testostérone naturelle par l’organisme. Ces suppléments peuvent aussi avoir des effets secondaires, voire favoriser les maladies cardiovasculaires et présenter des risques pour la santé « , met en garde le Dr. T’Sjoen.

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