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Ballonnements: ces aliments qui nous gonflent à bloc

Certains aliments ont tendance à provoquer ballonnements et flatulences lorsqu’on les consomme. Un phénomène universel (même les princesses sont concernées !) et tout à fait normal, dont il est possible de limiter les inconvénients.

Si les flatulences constituent aujourd’hui la honte ultime lorsqu’elles se produisent en public, elles n’en sont pas moins tout à fait naturelles et consécutives à la digestion.  » Lorsque nous consommons des aliments, notre organisme ne peut pas digérer 100 % de ce que nous ingérons, explique Serge Pieters, professeur de diététique à l’Institut Paul Lambin. C’est notamment le cas des fibres alimentaires, qui vont déboucher dans nos intestins, où elles seront en partie transformées par notre microbiote intestinal [les milliards de bactéries qui peuplent les intestins].  » Cette digestion secondaire entraîne une fermentation produisant des gaz qui font petit à petit gonfler notre ventre. Au cours d’une journée, il n’est ainsi pas rare de voir le tour de taille augmenter de 2 à 3 centimètres. Une partie de ce gaz est expulsé par les voies naturelles : en moyenne, un individu émet entre 0,5 et 1 litre de gaz chaque jour, en une quinzaine d’occasions. Un phénomène qu’il vaut mieux laisser se produire (le plus discrètement et solitairement possible, on vous l’accorde...), sous peine de souffrir de ballonnements, sources d’inconfort voire de douleurs chez les plus sensibles à la pression intra-intestinale.

Un soufre diabolique

Certains aliments renforcent la production gazeuse ; si vous voulez briller en société et faire preuve d’un langage châtié, sachez qu’on peut pudiquement parler d’aliments  » météorisants « . Il s’agit principalement des légumineuses (pois, lentilles...), des choux, des céréales complètes ou de toute autre nourriture riche en fibres. A ceci, on peut ajouter les boissons gazeuses, les fruits contenant beaucoup de fructose (un sucre pas toujours bien digéré) et les légumes riches en inuline (topinambours, artichauts, ail, oignons...) : ce prébiotique a en effet tendance à  » booster  » l’activité des bactéries intestinales.  » En règle générale, les gaz produits par la digestion de ces aliments sont majoritairement constitués d’azote, d’hydrogène, d’oxygène, ou encore de méthane, développe le professeur de diététique. Soit des gaz qui, en eux-mêmes, ne sont pas très malodorants... « 

Or, et même si le grand Erasme affirmait au XVIe siècle qu’  » à chacun son pet sent bon « , il arrive parfois que l’odeur des flatulences soit, au mieux, incommodante, au pire, difficilement supportable. Comment l’expliquer ? C’est ici une autre catégorie d’aliments qui rentre principalement en jeu : les aliments riches en soufre, notamment ceux contenant de nombreuses protéines animales (viande, oeufs...) et certains légumes tels que les choux, dont la digestion provoque l’apparition de sulfure d’hydrogène. La composition de la flore intestinale, différente pour chaque individu, joue également un grand rôle. Dans la toute grande majorité des cas, ces désagréments ne sont donc pas synonymes de mauvaise santé. Ils n’en demeurent pas moins parfois difficiles à vivre.

Réduire la pression

Pour juguler le problème, Serge Pieters suggère quelques règles faciles à mettre en place :

– Cuire les choux et autres légumes  » soufrés  » en double cuisson. Concrètement, il suffit de changer l’eau à mi-cuisson, avant de cuire à terme. Cela permet d’éliminer une partie des composés soufrés

– Cuisiner avec des herbes dites  » carminatives « , telles que la sarriette, l’anis, le thym, le fenouil, la coriandre... Toutes ces plantes réduisent la production de gaz intestinaux, tout en favorisant leur expulsion

– Laisser le temps au corps de s’accoutumer à un régime riche en fibres : les personnes habituées sont généralement bien moins ballonnées que celles qui consomment sporadiquement de grandes quantités de fibres

– Pour réduire la capacité de fermentation des légumineuses, on peut les faire tremper longuement (quelques heures) avant de les cuire (en changeant l’eau)

– Débuter la cuisson des lentilles à l’eau froide et ne pas dépasser le stade du frémissement (pas d’ébullition franche), ne pas saler l’eau de cuisson pour éviter qu’une  » carapace  » ne se forme sur la coque des lentilles

– Prendre le temps de manger lentement, plutôt que sur le pouce, et s’adonner à une activité physique régulière : le simple fait de marcher masse la zone abdominale, limitant les risques de constipation et, partant, de ballonnement.

Aussi vieilles que l’humanité

Les flatulences accompagnent l’humanité depuis la nuit des temps. On en parle donc dans quantité de documents historiques : Aristophane parle du  » tonnerre  » qui remplit le ventre quand on mange trop de viande, tandis que les premiers chrétiens romains se moquent des polythéistes et de leurs divinités mineures, parmi lesquelles... un certain Crepitus, dieu des pets. Les traités médicaux ou conseils de grand-mère qui abordent le sujet sont également légion. Avec une constante : l’importance de laisser  » s’écouler les vents  » pour éviter les problèmes de santé. Certaines personnalités ne s’en sont visiblement pas privées (de Louis XIV... à Marilyn Monroe), au grand dam des nez les plus délicats...

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