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Hiverner au soleil, une solution pour être en bonne santé

Passer l’hiver dans une région chaude et ensoleillée fait du bien au moral et au physique. À quoi être attentif si vous pensez troquer notre climat froid et humide contre une douce brise méditerranéenne ?

Durant des siècles, la noblesse européenne a fui le froid hivernal : toute la cour migrait vers le sud à la recherche de la douceur et du soleil. Depuis le siècle passé, de plus en plus de pensionnés belges voyagent, eux aussi, vers des destinations plus chaudes dès que l’hiver s’annonce. L’Espagne, le Portugal et la Turquie figurent parmi les pays les plus prisés. En dehors du plaisir et de l’agrément de ces séjours, il apparaît que la chaleur peut également avoir des effets bénéfiques pour la santé. De nombreuses affections – rhumatismes, asthme, syndrome de fatigue chronique, psoriasis... – s’avèrent nettement moins handicapantes sous un climat chaud et sec.

Une salle d’attente toujours bien remplie

 » Pour moi, les mois d’hiver sont les plus chargés, raconte le Dr Hilde Buysse qui s’est installé avec sa famille à Benidorm il y a dix huit ans. Les Belges viennent en effet en nombre à Benidorm pour fuir l’hiver belge. Le public a changé assez rapidement ! Avant, ceux qui venaient passer l’hiver dans la région étaient généralement en bonne santé. Il attrapaient un petit virus grippal, une bronchite..., le tout sans complications. Mais avec les progrès de la médecine, les personnes atteintes d’une maladie chronique prennent aussi de longues vacances. Je pense par exemple à des personnes touchées par le cancer, qui ont subi une chirurgie cardiaque ou devant être dialysées toutes les semaines. C’est formidable que ces patients puissent profiter du soleil du sud pendant les mois d’hiver, même si cela complique mon travail de médecin généraliste. « 

Hiverner au soleil, une solution pour être en bonne santé
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Les effets curatifs du soleil

En hiver, ceux qui sont atteints de maladies pulmonaires chroniques (asthme, BPCO,...) peuvent souffrir du froid (extrême) et de la pollution atmosphérique. Un environnement où l’air est pur et la température clémente est moins nocif pour la fonction respiratoire. Pour d’autres affections, c’est le soleil qui possède un effet curatif.

 » La chaleur agit comme un relaxant musculaire et soulage donc la douleur, précise le professeur de rhumatologie Filip De Keyser. La douleur est souvent causée par une contraction permanente et inconsciente des muscles. En kinésithérapie, on utilise de la boue chaude ou une cabine infrarouge pour aider les muscles à se relâcher. La chaleur du soleil a un effet similaire. « 

Le relâchement musculaire offre un confort bienvenu aux personnes qui présentent des douleurs liées à l’arthrose (à partir de 60 ans, plus d’une personne sur trois en est affectée à des degrés divers).  » En cas de rhumatisme articulaire, provoqué par l’usure du cartilage des articulations, nous traitons d’abord les symptômes, c’est-à-dire la douleur et la raideur. Il n’est pas possible de reconstituer le cartilage, mais on peut renforcer les muscles qui entourent l’articulation touchée. »

Comment ? En pratiquant des sports doux (nage, vélo, marche...), bien plus agréables sous un ciel bleu que dans la grisaille. En outre, on a démontré que l’exercice physique aidait à réduire le stress et, moins on est stressé, moins on contracte les muscles. Et ce n’est pas tout : l’exposition aux rayons du soleil permet de faire le plein de vitamine D, essentielle à la qualité des os et des muscles.

Demandez votre Carte européenne d’assurance maladie (Ceam)

Elle n’est pas obligatoire mais prouve que vous êtes inscrit au système de soins de santé de votre pays. La plupart des frais médicaux à l’étranger sont (en grande partie) couverts dans les pays de l’UE et dans les pays avec lesquels la Belgique a conclu un accord (le Maroc et l’Australie, par exemple). Pour certains pays (l’Australie, le Maroc, la Tunisie et d’autres), vous devrez néanmoins régler quelques formalités supplémentaires. Consultez votre mutuelle.

Des émotions positives

Selon le Pr Filip De Keyser, l’hiver au soleil a encore un autre effet sur les maladies chroniques.  » Les recherches se poursuivent mais on sait déjà que l’optimisme et une attitude positive déclenchent certains processus biologiques, comme la libération de dopamine, par exemple. Dans le meilleur des cas, les médicaments soulagent à 80% les symptômes du rhumatisme mais on ne guérit jamais totalement de la plupart des formes de rhumatismes. Des douleurs persistent et la manière dont vous les abordez détermine dans une large mesure votre qualité de vie.

La psychologie positive offre des outils pour gérer plus efficacement les problèmes de santé et augmenter ainsi le niveau de bonheur. Que fait quelqu’un qui passe l’hiver dans le sud ? Il consacre plus de temps aux interactions sociales, profite mieux du moment présent, fait plus d’exercice physique, s’occupe plus de son conjoint... Ces émotions positives augmentent le niveau d’énergie et la résilience pour faire face aux difficultés. « 

 » Je rencontre beaucoup de gens qui passent l’hiver ici pour adoucir leur chagrin à la suite du décès d’un proche, un conjoint ou un enfant, renchérit le docteur Hilde Buyse qui fait les mêmes constats dans son cabinet. Il est encourageant pour eux de constater que tant de choses restent possibles en dépit d’une perte immense ou face à une maladie grave. « 

Si vous êtes gravement malade

Si vous êtes atteint d’une maladie grave susceptible d’évoluer de manière défavorable, vous aurez besoin d’un certificat de votre médecin vous autorisant à prendre des vacances à l’étranger. Ce certificat doit tenir compte de votre état de santé, de la durée du voyage et du pays de résidence. Avant de partir, vérifiez avec votre mutuelle les coûts qu’entraînerait une hospitalisation à l’étranger. Si vous souffrez d’une maladie chronique, demandez à votre médecin de rédiger un rapport indiquant, par exemple, le stade de la maladie et les médicaments que vous prenez.

Une bronchite malgré une météo estivale

Il est faux de croire qu’on tombe moins souvent malade au soleil car, dans le sud aussi, on souffre de pathologies typiquement hivernales.  » De janvier à mars il peut faire jusqu’à 22 °C en journée mais les températures chutent considérablement dès la tombée de la nuit et il y a intérêt à bien se couvrir, constate Hilde Buyse. En outre, les personnes qui arrivent ici pour l’hiver ont été au contact de multiples virus et bactéries, à l’aéroport, à l’hôtel ou pendant leur voyage. Il arrive aussi qu’on contracte une bronchite après une balade à vélo en montagne. On transpire en grimpant mais on prend froid en redescendant. « 

Parmi les affections les plus courantes qu’elle rencontre, Hilde Buyse note encore les allergies (fleur d’amandier et chenilles processionnaires), la pneumonie, les arythmies cardiaques, les maux de dos, les douleurs au genou ou à l’épaule.  » La plupart des Belges qui passent l’hiver ici sont toujours très actifs – un de mes patients a récemment participé au triathlon d’Hawaï dans la catégorie des plus de 70 ans ! – et je soigne donc régulièrement des pieds ou des genoux douloureux après de longues marches. « 

Vous devez prendre des médicaments

Demandez à votre médecin de vous prescrire assez de médicaments pour couvrir la période de votre séjour à l’étranger. Conservez-les dans l’emballage d’origine et dans votre bagage à main. Si votre valise se perd, vous les aurez sur vous. Demandez à votre médecin ou à votre pharmacien un passeport des médicaments. Rédigé de préférence en anglais, il indique quels médicaments vous prenez, votre groupe sanguin, les allergies dont vous souffrez, etc. Les médicaments contenant des substances psychotropes (analgésiques puissants contenant de la morphine, sédatifs, tranquillisants, cannabis médicinal) ne sont pas autorisés dans tous les pays. Pour passer la frontière, vous aurez besoin d’un document officiel émanant de l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS), à conserver avec vos médicaments.

Les dangers du soleil

Autre idée fausse : les rayons du soleil seraient moins dangereux pour la peau en hiver.  » Dans l’hémisphère nord, les rayons UV frappent la terre sous un angle différent et sont donc effectivement moins nocifs en hiver. Lors d’un hiver typiquement belge vous n’aurez pas à vous protéger très rapidement du soleil  » explique le docteur Mathijs Goossens, porte-parole de la Fondation contre le Cancer. Mais plus on se rapproche de l’équateur, plus le rayonnement solaire est comparable à celui que nous connaissons chez nous en été et il faut donc s’en protéger de la même manière.

 » Cherchez l’ombre et, s’il n’y en a pas, couvrez-vous et enduisez-vous de crème solaire. Ce n’est pas une option, c’est un impératif ! Il est vrai qu’avec des températures aussi agréables, autour de 22 °C, on n’a pas envie de s’enduire de crème, même en Belgique. Mais une peau qui bronze subit des dommages. Non seulement elle se ride plus vite mais le risque de cancer de la peau augmente.  » En d’autres termes, fuyez le soleil !

Pensez tout de même à exposer une petite demi-heure le visage et les bras pour maintenir un bon niveau de vitamine D. Avant de partir pour une sortie en montagne, prenez les mesures nécessaires. Plus vous montez, moins la couche d’air est dense et plus le rayonnement UV est intense.  » Il suffit souvent de se protéger le visage, en portant une casquette ou un chapeau de soleil. Certains médicaments peuvent également rendre la peau sensible au rayonnement solaire. Si la notice mentionne l’irritation de la peau comme effet secondaire possible, restez à l’abri du soleil. « 

Vous êtes en incapacité de travail

Une personne en incapacité de travail qui souhaite voyager dans l’UE, en Suisse, en Islande, au Liechtenstein ou en Norvège, doit en informer le médecin de sa mutuelle. Pour voyager dans un autre pays, il faut obtenir l’autorisation du médecin conseil.

Nadia Bogaert : « Le sud de l’Espagne est mon meilleur médicament »

Hiverner au soleil, une solution pour être en bonne santé
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« Je ne me sentais pas bien depuis des années. J’avais des douleurs partout, au dos, aux genoux, aux épaules, aux dents... J’étais constamment fatiguée et, finalement, j’ai été obligée d’arrêter de travailler. Mentalement, j’ai traversé des moments difficiles car je voulais rester active mais j’en étais incapable. Au bout d’une multitude d’examens, on m’a diagnostiqué une fibromyalgie.

J’avais déjà remarqué que je me sentais mieux dans les pays plus chauds, que certaines douleurs disparaissaient. Comme mon mari et moi aimions beaucoup la région de Malaga, nous y louions régulièrement une maison. Lors de chaque séjour assez long, je me sentais mieux. Il m’arrivait même de ne ressentir aucune douleur et d’oublier de prendre mes médicaments. Un jour, je me sentais tellement bien que je les ai jetés ! Mais ce n’était pas une bonne idée car j’en avais encore besoin.

Quand mon mari a pris sa retraite, nous nous sommes définitivement installés en Espagne. Cette décision prise, j’étais résolue à profiter à nouveau pleinement de la vie. Il faut comprendre qu’une maladie chronique est présente à chaque instant. Vous vous sentez diminuéee parce que vos activités sont limitées par la maladie. Les groupes Facebook de personnes atteintes de maladies chroniques auxquels je participais me déprimaient car ils me renvoyaient à mon impuissance. En Espagne, je peux oublier tout cela. Je me concentre exclusivement sur ce que je peux encore faire, ce qui m’occasionne moins de stress. Quand je rends visite à ma famille en Belgique, je remarque la pollution de l’air, le bruit constant de l’autoroute en arrière-plan, le stress des gens,... toutes choses que ma maladie ne me permet plus de supporter.

En Espagne, la vie est très différente. A commencer par le fait que les journées sont plus longues : je me lève à 8h, mais les magasins et les services ne ferment pas avant 21 h. Je ne dois pas me dépêcher et je remets simplement au lendemain ce que je n’ai pas le temps de faire le jour-même.

Les examens réalisés en Belgique l’an dernier montrent une nette amélioration de mon hémogramme. En attendant, je suis suivie par un médecin espagnol auquel j’ai remis un petit lexique avec la traduction en espagnol des termes médicaux. Je peux acheter mes médicaments sur place. La fibromyalgie est malheureusement incurable, mais habiter l’Espagne est assurément mon meilleur médicament. »

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