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Zoom sur l’alimentation de demain

De même que le monde qui nous entoure, le modèle alimentaire est en pleine évolution. Cap sur l’assiette de demain, qui se veut plus respectueuse de l’environnement, plus végétale et meilleure pour la santé.

Des chercheurs ont lancé l’alerte: l’alimentation de type occidental a un impact défavorable sur l’environnement et la santé. Tandis que l’élevage est responsable de 14,5% de la production des gaz à effet de serre, la surpêche épuise les ressources halieutiques. L’agriculture intensive appauvrit les sols et nuit à la biodiversité. De multiples produits chimiques, des pesticides aux additifs alimentaires, s’avèrent toxiques et ont pour certains été interdits. Notre modèle alimentaire ne peut qu’évoluer. Passons à table!

La tendance des régimes sans viande

Les régimes sans viande ont le vent en poupe. Au point que certains ont décidé de se passer de viande, bien avant que l’Agence nationale (française) de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) ne recommande, en janvier 2017, d’en limiter la consommation à maximum 500g par semaine et de compenser par des légumineuses. Somme toute, d’adopter un régime flexitarien, qui consiste à manger moins souvent de la viande sans pour autant la supprimer.

Les végétariens vont plus loin, excluant viandes et poissons. Les végétaliens, qui se nourrissent exclusivement d’aliments d’origine végétale, et les végans, qui boycottent l’exploitation animale sous toutes ses formes (vêtements en laine ou en soie, chaussures en cuir...), sont encore moins nombreux. « Mais, la végétalisation de l’alimentation pourrait se renforcer sous l’effet du changement générationnel », affirme Céline Laisney, conseil en prospective et fondatrice d’AlimAvenir. Ce qui explique le succès des blogs de recettes végétariennes et des nouveaux produits 100% végétal: steaks et nuggets de légumineuses, boissons et desserts à base de soja, de noix de coco ou de céréales, plats cuisinés végans...

Consommer local, bio et de saison

La consommation des aliments bio augmente chaque année. Motivés par leur santé, les acheteurs de bio le sont aussi pour des raisons écologiques. L’agriculture biologique préserve la qualité des sols, les ressources en eau et la biodiversité.

Autre tendance bénéfique à l’environnement, « le manger local et de saison », qui réduit l’empreinte carbone liée au transport ou à une production sous serre coûteuse en énergie. Une tomate cultivée hors sol en serre, par exemple, émet vingt fois plus de gaz à effet de serre que celle produite en terre en pleine saison.

L’autoproduction fait aussi de plus en plus d’adeptes: retourner aux fourneaux et cultiver ses fruits, ses légumes ou ses herbes aromatiques. « Une démarche qui s’explique par une défiance croissante vis-à-vis des aliments industriels, analyse Xavier Terlet, fondateur du cabinet XTC et expert des tendances alimentaires. Des kits permettant de faire pousser des végétaux en appartement aux jardins partagés, l’agriculture va continuer à s’urbaniser. « 

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D’autres sources de protéines

En 2030, le monde comptera 8,5 milliards de bouches à nourrir et en 2050, 9 à 10 milliards. Produire suffisamment de protéines va devenir un défi, compte tenu des limites de l’élevage. Des chercheurs américains proposent de compenser par de la viande artificielle, obtenue en laboratoire à partir de la culture de cellules musculaires. Mais l’impact d’un tel aliment sur la santé humaine et l’environnement n’est pas encore bien connu. La valorisation des protéines végétales apparaît davantage comme une voie d’avenir: après avoir mis au point steaks, saucisses ou boulettes à base de soja, les industriels développent de nouvelles recettes à partir de légumes secs, dont la culture est bénéfique aux sols.

Aux Etats-Unis et en Europe du Nord, les consommateurs peuvent aussi cuisiner du « quorn », un substitut de viande obtenu à partir d’un champignon. Autre piste, les algues et en particulier la spiruline, une microalgue qui se développe dans les lacs salés des pays tropicaux. Au Tchad, les Africains en font des galettes, qui leur évitent la malnutrition. Ses protéines compteront sans aucun doute parmi les ingrédients des steaks végétaux de demain. Enfin, l’intérêt des insectes – qui fournissent au moins autant de protéines que la viande – a été souligné par l’Organisation mondiale de la santé.

Plusieurs sociétés européennes se sont lancées dans l’élevage et commercialisent des vers de farine ou de grillons, prêts à grignoter pour l’apéritif ou à incorporer dans des plats, quiches, salades... Le flou juridique autour de l’encadrement de ces produits et leur acceptabilité par le consommateur restent des freins pour le moment.

Cap sur les « superaliments »

« La santé restera dans les années à venir une forte motivation pour choisir ses aliments », indique Xavier Terlet. Parmi les plus en vogue, les petits fruits rouges, myrtilles, cassis, baies de goji ou d’açaï... fournissent des pigments appelés anthocyanes, aux vertus antioxydantes ou anti-inflammatoires qui participent à se protéger de nombreuses maladies (cardiaques, cancer, rhumatismales...).

Les graines de lin, de chia ou de chanvre contiennent une forte proportion de graisses essentielles: les oméga 3. Le chou kale est une mine de vitamine C et de calcium. Les boissons fermentées traditionnelles, kéfir, kombucha (à base de thé), sont riches en probiotiques bons pour l’intestin.

La spiruline, plébiscitée pour ses protéines, est aussi une excellente source de fer et de bêtacarotène. Si la composition des repas est amenée à évoluer dans les prochaines années, il n’est nullement question de se nourrir de pilules comme cela était envisagé au XXe siècle. Nos experts l’assurent: « Le plaisir de manger demeure une valeur sûre. » Ouf!

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Et le sans gluten ?

Accessible en grandes surfaces, diversifiée et gourmande, l’offre de produits sans gluten – une protéine présente dans le blé, le seigle et l’orge – a connu une véritable révolution en moins de dix ans. Une tendance qui se justifie par la recherche scientifique, bien au-delà de l’effet de mode: il peut soigner ou soulager les personnes souffrant de maladie coeliaque ou hypersensibles au gluten. « La tendance ne risque pas de s’inverser », souligne Céline Laisney, « car l’alimentation de demain sera de plus en plus personnalisée, en fonction des allergies ou des intolérances et plus globalement de la santé de chacun ».

L’heure de l’alimentation connectée

De multiples outils voient le jour, véritables coachs nutritionnels, qui encouragent à manger sain ou à prendre soin de sa ligne: assiette intelligente qui reconnaît les aliments, les pèse et indique quels sont leurs apports en sucres, graisses, calories et même caféine; fourchette connectée qui vibre et clignote lorsque son utilisateur mange trop vite; mini-scanners capables d’indiquer quels sont les allergènes contenus dans les aliments ou de vérifier si des fruits ou légumes sont réellement bio. Des gadgets dont nous pourrions bien ne plus pouvoir nous passer d’ici à une dizaine d’années!

Auteur : Florence Daine (nt-f.com)

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