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50 ans et marre de mon boulot: les clés pour positiver

Vous vous réveillez le lundi matin avec des semelles de plomb et vivez chaque vendredi comme une libération ? Bonne nouvelle : il existe des techniques pour réinventer son travail et y retrouver goût !

Selon une récente enquête menée par l’agence de recrutement Tempo-team, un travailleur belge sur cinq s’estime carrément insatisfait au travail. Avec, à la clé, un risque accru de dépression, de burnout ou d’apathie, qui fait qu’on preste son travail sans plus aucune étincelle de plaisir.

Pour les travailleurs concernés, la tentation est parfois grande de tout envoyer valser, de quitter leur job pour tout recommencer ailleurs. Reste qu’il n’est pas toujours sage de choisir cette option radicale, surtout quand on est un travailleur aguerri à la carrière déjà longue. Parce qu’il serait suicidaire de recommencer au bas de l’échelle, de faire une croix sur un salaire confortable ou nécessaire et de renoncer à la protection que constituent les années d’ancienneté ; parce que le risque est grand de se retrouver sur le carreau, dans un marché de l’emploi qui privilégie résolument les plus jeunes.

Que faire, dès lors ? Nous avons posé la question à plusieurs spécialistes. Bonne nouvelle, tous sont unanimes : sauf en de très rares cas, il est toujours possible de régler ou d’atténuer un minimum les motifs d’insatisfaction. Puisque chaque cas est différent, nous avons listé les problèmes les plus courants et leurs potentielles solutions. A vous de picorer celles-ci en fonction de votre cas ou de celui d’un de vos proches !

Le problème : Marre de ces embouteillages matin et soir pour arriver au boulot !

La solution : Alterner les moyens de transport.

Si vous habitez près de votre lieu de travail : une enquête du bureau de recrutement Pagegroup souligne que les travailleurs européens  » qui se rendent au travail à pied ou à vélo sont moins stressés pendant leur navette et arrivent au travail moins stressés que ceux qui prennent la voiture ou les transports publics « . Pourquoi ne pas opter pour ces moyens de déplacement quand le temps est clément ? Faites le test : la différence entre le trajet à pieds et celui en voiture est souvent minime, le vélo est (presque) toujours plus rapide.

La législation belge offre part ailleurs de nombreuses facilités aux entreprises qui opteraient pour un système de  » vélos de société  » gratuitement mis à disposition des travailleurs. Pourquoi ne pas en parler au travail ?

D’autre part,  » si vous prenez le métro pour vous rendre au travail et qu’il est toujours bondé, qu’il vous met de mauvaise humeur et vous fait démarrer la journée du mauvais pied, descendez simplement une station plus tôt et marchez le reste du trajet « , suggère-t-on chez Pagegroup. Cela créera un  » sas  » de décompression.

Si vous habitez plus loin (et que vous bénéficiez d’une voiture de société) : parlez à votre employeur de Railease. Concrètement, l’abonnement à ce système de la SNCB permet d’obtenir 20, 40 ou 60 jours de voyage illimité dans tous les transports publics (STIB, TEC, De Lijn, SNCB) sans perdre les avantages liés à votre voiture de société. De quoi laisser de temps à autres le véhicule au garage en cas de bouchons apocalyptiques ou de grosse fatigue, s’épargner un peu de stress et briser la routine. Si votre employeur est réticent, n’hésitez pas à souligner que Raillease est 100 % déductible et donc indolore pour ses finances.

Le problème : Marre de ce rythme infernal, de ces deadlines incessantes, de ces mails qui tombent sans arrêt !

La solution : se recentrer sur soi/écouter son corps

 » Avec les nouvelles technologies, le rythme de travail a complètement changé, concède Dominique Lelubre, psychologue spécialiste de la souffrance au travail et conseillère en prévention psychosociale. La réactivité et la pression temporelle sont bien plus présentes qu’il y a vingt ans. Les travailleurs risquent d’être pris dans une spirale où ils ne se reconnaissent plus, n’arrivent plus à réfléchir à ce qu’ils font. «  Le risque de burn-out est ici important, mais il n’est pas toujours possible de lever le pied.  » L’équilibre de vie est une balance entre plaisirs et efforts : s’il n’est pas possible d’enlever des efforts, il faut donc essayer d’enrichir sa vie avec des plaisirs simples (profiter de sa famille, faire du sport, s’adonner à des hobbies) qui vont diminuer le niveau de stress, de souffrance. « 

Il est aussi nécessaire d’apprendre à écouter son corps pour ne pas partir en vrille.  » La plupart des gens sont déconnectés de leurs besoins au travail, ils peuvent passer la journée complète sans aller aux toilettes ou à rester sur leur chaise de bureau, ajoute Laetitia Alandry, carreer consultant chez Daoust, en charge du projet 50+ en région bruxelloise. Il faut pouvoir identifier les moments où le corps dit stop pour faire une pause : quand on lit trois fois la même phrase sur l’écran sans la comprendre, cela ne sert à rien de se forcer. Vous n’avancerez quand même plus dans votre travail pendant un moment, autant faire un vrai break, même si ce n’est qu’un quart d’heure. Profitez-en pour écouter votre respiration, une musique, pour faire un petit tour. Cela permet de se relancer. « 

Utiliser des techniques de méditation en pleine conscience ( » mindfulness « ), de respiration, voire d’autohypnose peut également être utile pour faire le point de manière apaisée. Enfin, rien ne vous oblige à consulter vos mails constamment : désactivez la notification en cas de nouveaux emails et n’allez voir votre boîte de réception que deux fois par heure. Cela vous permettra d’effectuer vos tâches avec plus d’attention, sans être distrait toutes les cinq minutes, et de diminuer la sensation du travail qui s’accumule. Prévenez-en vos collègues : si l’un deux a une demande vraiment urgente à vous faire, il utilisera son téléphone ou viendra directement vous trouver !

Le problème : Marre de ce chef/collègue incompétent/ingrat/bruyant/pistonné/antipathique (biffez les mentions inutiles).

La solution : Ouvrir le dialogue

Vous l’ignorez probablement, mais sur votre règlement de travail se trouve un numéro vous permettant de contacter un service externe de prévention et de protection au travail. Cette structure, indépendante de l’entreprise, dispose d’un département psychosocial, dont la tâche la plus courante est de gérer ce type de problèmes interpersonnels.  » Tout travailleur peut nous contacter en direct, sans passer par la hiérarchie, en cas de manque de reconnaissance, d’incompatibilité avec un supérieur ou un collègue, de problème d’égalité, etc., tient à souligner Alexandre Lelakis, conseiller en prévention aspects psychosociaux chez spmtarista. Nous sommes soumis au secret professionnel et nous n’agissons que si nous avons un mandat explicite de l’appelant. « 

Ces services de prévention peuvent agir de manière formelle ou informelle.  » De manière informelle, cela peut se limiter à une simple écoute du demandeur, avec d’éventuels conseils personnalisés pour régler son problème. Nous pouvons aussi envisager une conciliation entre les parties concernées, pour autant que celles-ci soient d’accord  » Dans un registre plus formel, ils peuvent également réaliser des analyses des risques psychosociaux (audits collectifs), afin d’ouvrir le dialogue, ou déposer des demandes d’interventions formelles dans les cas les plus graves : les faits incriminés font alors l’objet d’un rapport à l’employeur avec demande de prise de mesures.  » Mais nous invitons les travailleurs à nous rencontrer le plus tôt possible, avant d’en arriver là, ajoute Alexandre Lelakis. Plus le problème est pris tôt, plus nous aurons de marge de manoeuvre pour agir.  » Dans la toute grande majorité des cas, une solution sera trouvée aux problèmes exposés.  » Plus l’entreprise est grande, plus de solutions seront envisageables : on peut changer de service, faire travailler les personnes dans des espaces différents...  » Dans tous les cas, le service de prévention gardera une position neutre et impartiale dans le différend.  » Notre objectif n’est pas de juger, de déterminer qui a raison ou qui a tort, mais bien de rétablir un climat de travail ! « 

Si vous préférez tenter de régler le problème par vous-même, du moins dans un premier temps, voici quelques conseils donnés par les conseillers prévention aspects psychosociaux chez spmt-arista :

On peut directement aller parler à la personne concernée, mais de plus en plus d’entreprises ont mis en place des  » personnes de confiance  » à contacter en cas de soucis. Il peut être utile de leur en toucher un mot auparavant.

On part du principe que tout peut se dire, mais avec les formes.

Toute discussion doit être motivée par une recherche de solution.

Ne pas être dans une phase d’émotion intense quand on va trouver l’autre : pour aborder sereinement le problème, il faut soi-même être serein.

Le problème : Marre de ces journées qui se ressemblent toutes !

La solution : Casser la routine

Impossible d’échapper à une certaine routine au boulot :  » Le cerveau est l’organe le plus flemmard de tout le corps, confirme Laetitia Alandry, carreer consultant chez Daoust. Si on doit tout réinventer en permanence, il ne suit plus. On va donc avoir tendance à mettre en place des procédures, des habitudes.  » Reste que si cette routine est complètement figée, elle peut devenir problématique.  » Le cerveau va finir par s’ennuyer, explique la consultante de chez Daoust. On va être moins attentif, moins vigilant. Petit à petit on va se retrouver en mode pilotage automatique. « 

S’il existe quantité de petits trucs pour briser la routine (voir plus bas), ceux-ci ne suffisent généralement pas à régler le problème de façon durable. Une réflexion plus profonde est nécessaire.  » L’idée est d’abord de se reconnecter à soi et à son travail, détaille Laetitia Alandry. Quand on est en poste depuis longtemps, on ne se pose plus les questions essentielles :  » Pourquoi je fais ce boulot ? « ,  » Qu’est-ce que j’en retire ? « . Or, s’interroger à ce propos est très important : non seulement cela permet de nous réapproprier nos besoins, nos valeurs, mais aussi d’épingler ce qui nous motive. « 

Lorsqu’on en vient à exécuter son travail de manière routinière, il y a aussi fort à parier qu’on a inconsciemment atteint un  » plafond  » de compétence. Concrètement, la routine ne se met pas en place tant qu’on développe ses compétences : elle s’installe à partir du moment où le travailleur a atteint une certaine expertise.  » On ne se rend pas compte que la situation continue d’évoluer et qu’on est dépassé « , fait remarquer Laetitia Alandry. Il est donc important de se demander si on est encore  » au top « , même si d’un premier abord on a l’impression que c’est le cas. La conclusion sera généralement qu’il est possible de s’améliorer.

Prendre conscience de tous ces éléments permet le plus souvent de quitter le pilotage automatique, de reprendre les commandes de son travail en se fixant une liste d’objectifs à discuter avec le management : suivre une formation, faire évoluer sa fonction...  » On peut aussi dresser une liste de ce qu’on aimerait avoir en plus au travail et comment y arriver. Inutile, en revanche, de faire une liste de ce qu’on n’aime pas : cet exercice vous braquerait sur le négatif.  » Parallèlement à ces nouveaux souhaits et objectifs, il ne faut pas hésiter à se lancer des défis sur le plan personnel.

Les petits trucs pour briser la routine au boulot selon jobcoaching : changer de place (et de voisins de travail), de poste, d’outils de travail, opter pour une formation continue. Quant au ras-le-bol du sempiternel sandwich à la cantine : pourquoi ne pas organiser avec des collègues un planning où chacun cuisine un plat à tour de rôle ?

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