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Premier rendez-vous : décryptez l’autre en un clin d’oeil

Lors d’un premier rendez-vous, nous jaugeons l’autre sur quantité de paramètres non-verbaux. En prendre conscience permet de maximiser ses chances de plaire... ou d’identifier que quelque chose cloche.

Ça y est, c’est le grand soir ! Des papillons dans le ventre – à moins que ce ne soit le trac ? -, vous voilà en route pour votre premier rendez-vous avec celui/celle que vous avez rencontré en ligne. Par écran interposé, tout semble concorder : vos centres d’intérêt sont les mêmes, les photos sont plutôt avantageuses, la discussion était très agréable. Et pourtant... Malgré tout ce que vous pensez savoir de l’autre, la réussite ou l’échec de la rencontre se jouera principalement lors du premier contact visuel, en quelques secondes à peine.

 » Quand nous rencontrons quelqu’un pour la première fois, il suffit de dix à vingt secondes pour porter un jugement sur lui, et vice-versa, explique André Jacques, psychologue comporte-mentaliste, consultant spécialiste du langage non-verbal au sein de la société Le Soleil. C’est inconscient, inévitable et c’est cette première impression qui va rester : vous pourrez ensuite tenter de l’objectiver, mais il sera impossible de la gommer.  » En réalité, le processus serait même bien plus rapide : une étude de l’Université de Princeton datant de 2006 a démontré qu’il suffit d’observer un visage un dixième de seconde pour estimer s’il appartient à une personne fiable, attirante, sympathique ou agressive. Les secondes qui suivent peuvent conforter ou atténuer ce jugement, mais ne le remettent jamais totalement en cause.

Ce langage qui ne se dit pas

Comment expliquer cette analyse rapide et catégorique, alors que l’autre a à peine ouvert la bouche ?  » Cela découle de notre instinct de survie, de notre capacité à identifier rapidement un danger, répond André Jacques. C’est notre cerveau reptilien qui prend ici le dessus et, pour lui, il n’y a pas de nuances, c’est noir ou c’est blanc : il lui faut déterminer au plus vite si l’autre représente ou non un risque, si c’est un ennemi ou un ami. «  Voire un potentiel partenaire sexuel... Pour établir ce jugement, notre inconscient va analyser quantité de paramètres.  » Presque tout se joue sur le langage non-verbal avec, en premier lieu, le visuel. Notre corps et notre visage expriment quantité d’informations, d’émotions impossibles à camoufler. C’est d’ailleurs pour cela que les joueurs de poker professionnels portent capuche et lunettes de soleil : pour qu’on ne voie pas leur anxiété ni leurs bluffs ! « 

Mais il n’y a pas que le corps : le vocal a aussi son importance et le cerveau va analyser l’intonation, le timbre de voix...  » Un bonjour prononcé jovialement peut influencer toute la suite de la conversation. Finalement, ce qu’on montre et laisse entendre est plus important que ce qu’on dit. D’ailleurs, si on vous demande après coup comment s’est passé le rendez-vous, vous allez d’abord visualiser l’autre et dire qu’il avait l’air gentil, timide, trop sûr de lui, arrogant, mais pas qu’il vous a dit ceci ou cela. « 

Comment faire bonne impression ?

L’impression qu’on laissera fait en partie appel à des considérations subjectives, mais il existe tout de même des possibilités de soigner son entrée...

  • Eviter le regard fuyant, même si on est timide.
  • Lors des salutations, opter pour la bise ou, à défaut, la poignée de main. Le contact physique augmente la perception positive de l’autre. N’hésitez pas à multiplier les  » points de touche  » à cette occasion (main sur l’épaule, par exemple). Une bonne poignée de main doit être courte, ferme, pas écrasante... et surtout pas moite !
  • Avoir une première petite phrase tout prête, pas trop plate, histoire d’éviter de bafouiller lors de la phase critique des premières secondes.  » Un simple  » Je suis vraiment content de te rencontrer «  peut suffire, propose André Jacques, psychologue comportementaliste. Ce n’est pas tellement ce que vous dites qui aura de l’importance, mais bien la manière dont vous le prononcerez, avec quel timbre de voix, de façon enjouée ou non. « 
  • Parler (un peu) avec les mains : cet automatisme fluidifie la parole, facilite l’expression.
  • Si l’autre semble mal à l’aise (dandinement), on peut essayer de l’apaiser par un simple contact de la main sur l’avant-bras, ni trop long, ni trop fort.
  • Eviter le détail qui tue : la crasse sous les ongles, le parfum trop fort, les souliers sales et abîmés...

L’autre vous reluque ? Vous faites pareil !

Lors de ce premier contact, notre inconscient suit un rituel très codifié : le regard commence par rechercher une mimique d’accueil. Le sourire est évidemment le principal signal positif, pour autant qu’il soit vrai.  » Maintenant, ce n’est pas automatique : on est parfois tellement crispé ou intimidé qu’on n’arrive pas à sourire. Il existe heureusement un autre signe d’accueil inconscient, le haussement de sourcils.  » Présent dans toutes les sociétés humaines, il a partout la même signification : celle d’une salutation amicale à distance.

Vient ensuite l’échange de regard, préalable indispensable à toute conversation, avant que les yeux ne se posent sur le reste du corps. C’est parfois peu discret : l’homme aura tendance à s’attarder sur la poitrine et les fesses. Alerte, obsédé en vue ? Pas nécessairement : il s’agit d’un réflexe.  » Les femmes aussi vont observer le corps de l’autre, mais là où le regard de l’homme est séquencé, celui de la femme s’apparente davantage à un scanning global : en continu, de haut en bas, puis de bas en haut.  » A cette occasion, le cerveau analyse la posture, la stature et quantité de petits détails comme la coiffure, les vêtements.

 » Il va en tirer des conclusions qui dépendent de notre parcours de vie et sont donc subjectives : suivant le vécu, l’éducation, une personne bedonnante pourra par exemple être considérée comme négligée ou bonne vivante... C’est aussi ce qui explique qu’une personne peut  » ne pas nous revenir  » alors qu’une connaissance commune estime que nous sommes parfaitement assortis.  » Arrive enfin le moment de l’éventuel premier contact tactile, bise ou poignée de main, et de la première parole. La façon de toucher ou de parler sera très révélatrice.

Après tout ceci, pour l’inconscient, la messe est dite, la première impression est arrêtée. Reste que si cette analyse non-verbale est instinctive et automatique, il peut être intéressant d’en prendre conscience : décrypter et maîtriser le langage non-verbal permet de laisser la meilleure impression possible... et de retirer des informations sur l’autre. D’autant que quantité d’autres signaux seront envoyés durant tout le reste de l’entrevue.  » Ils constituent autant de petits indices qui, en eux-mêmes, ne peuvent pas être considérés comme révélateurs mais qui, juxtaposés et s’ils veulent globalement dire la même chose, donnent un bon aperçu de la personnalité que vous avez en face de vous ! « 

Y a un truc qui cloche...

Même notre instinct s’y trompe parfois, quand il s’agit de repérer les charmeurs, pervers narcissiques et autres menteurs invétérés.  » Le problème, c’est qu’ils ont souvent beaucoup d’assise et qu’ils cachent bien leur jeu « , reconnaît André Jacques. Voici toutefois quelques indices qui peuvent laisser entendre qu’il y a anguille sous roche :

  • Le sourire est feint ( » American Smile « , à la Trump) : la personne ne vous apprécie pas (vous, ou ce que vous dites). Pour déterminer si un sourire est vrai, il suffit d’observer les yeux. Le  » vrai  » sourire entraîne une contraction du muscle orbiculaire de l’oeil, les yeux  » rient  » eux aussi. Or, des travaux ont prouvé que cette contraction ne peut pas être volontairement commandée...
  • La posture est inclinée vers l’arrière : une posture inclinée vers l’avant est signe d’intérêt réel, de proximité et/ou d’empathie, encore plus si la tête est inclinée. Au contraire, une inclinaison vers l’arrière signifie une prise de recul ou un désintérêt.
  • Il/Elle vous écoute sans cligner des yeux et esquive vos questions, est plein(e) d’assurance dans ses gestes : le séducteur/la séductrice en série a l’art de faire parler les autres, en se livrant le moins possible. La technique est efficace et, en réalité, le séducteur se fiche de vos propos. Comment détecter si la personne ne vous écoute pas/plus ? Elle vous regarde fixement, en restant longtemps sans cligner des yeux (quitte à se rattraper par la suite en clignant les yeux très rapidement à plusieurs reprises). Par ailleurs, la personne séductrice sait exactement quand poser un geste ou le propos adéquat : mieux vaut avoir affaire à une personne (légèrement) maladroite.
  • Il/Elle parle en fuyant votre regard et en se grattouillant, potentiellement le bas du nez : mentir met le menteur en situation inconfortable, plus que s’il disait la vérité, ce qui se traduira nécessairement par des réactions non-verbales de malaise, comme une occupation moindre de l’espace, une manipulation nerveuse d’objets... Des chercheurs espagnols ont aussi remarqué qu’un mensonge entraînait une vasodilatation au niveau du nez. D’où de possibles démangeaisons sur le visage. Enfin, le menteur peut aussi fixer temporairement son interlocuteur sans ciller pour essayer de le convaincre qu’il dit la vérité. (Avec, là encore, de nombreux battements de paupières pour rééquilivrer son état émotionnel, une fois le mensonge terminé).
  • Il/Elle a le touché facile, empiète rapidement sur mon espace intime (déterminé par la longueur de l’avant-bras, soit +- 50cm), a une poignée de main écrasante... : la multiplication de ces signaux démontre une certaine volonté de domination de l’autre, voire de manipulation. Ajoutez à cela le mensonge, l’intérêt feint, vous avez là un parfait portrait de pervers narcissique. Remarque en ce qui concerne la poignée de main écrasante : il peut aussi s’agir d’un trop-plein d’enthousiasme.  » L’enthousiaste s’excusera, le dominateur, non.  » A ne pas trop interpréter :
  • L’autre se dandine, cache ses mains sous la tables, a le regard fuyant :  » Cela suscite un sentiment de méfiance et, de fait, l’autrea probablement quelque chose à cacher, mais ce peut-être simplement sa timidité, sa nervosité, le fait qu’il soit troublé. « 

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